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la Franc Maçonnerie au Coeur

la Franc Maçonnerie au Coeur

Un blog d'information, de conversations sur le thème de la Franc Maçonnerie, des textes en rapport avec la Franc Maçonnerie, comptes rendus et conseils de lectures.

Publié le par Jean-François GUERRY
LA THÉODICÉE DE LEIBNIZ
Photo de amseaman sur Unsplash

LA THÉODICÉE DE LEIBNIZ.

 

Isaac Newton (1643-1727) et Gottfried et Wilhelm Leibniz (1646-1716), n’ont sans doute pas été initiés à la Franc-Maçonnerie. Mais ils furent tous les deux membres de la Royal Society donc très proches des Francs-Maçons spéculatifs, leurs pensées ont plané au-dessus de l’Équerre et du Compas. À une époque mouvementée des schismes religieux, de l’expansion des sciences remettant en cause tous les dogmes et leur obscurantisme.

LEIBNIZ

Les hommes ne niaient pas encore l’existence de Dieu, mais remettait en cause sa nature et ses attributs. Des hommes affirmaient leur croyance en une transcendance, un principe de transcendance qui sera qualifié de Grand Architecte de l’Univers. Les pensées des philosophes de l’antiquité avaient été remises au goût du jour pendant la Renaissance en générale et en particulier à Florence une nouvelle école néoplatonicienne avait repris force et vigueur. La notion de Dieu, de l’Un était revisitée avec plus de liberté par rapport aux dogmes religieux. L’encyclopédiste Pic de la Mirandole) (1463-1494)qualifié de Phénix de la renaissance, le moine Giordano Bruno (1548-1600) qui paya de sa vie sa fronde contre l’église, Marsile Ficin (1433-1499) poète et érudit de la philosophie grecque et son hermétisme, bouleversent la société. Bientôt Emmanuel Kant (1724-1804) reprendra l’expression latine des Épitres d’Horace (65 av-J-C- 8 av-JC) : « Oser savoir », qu’il adapta en « Aie le courage de te servir de ta propre intelligence » pense par toi-même. Expression qui deviendra le flambeau des Lumières.

Je reviens à Newton et Leibniz qui inspirèrent chacun à leur manière la Pensée Maçonnique, et plus particulièrement à Leibniz qui je rappelle décéda en 1716. L’homme ne devait plus attendre tout de son créateur, ni se soumettre aveuglement à lui, et de fait occulter la responsabilité de ses actes. Avec sa Théodicée Leibniz veut démontrer la bonté de Dieu et tente de démontrer une harmonie entre le bien et le mal, une conciliation entre l’existence du mal et la perfection de l’univers.

Alors que Newton consacre le déisme, qu’il regarde l’univers comme un cryptogramme, Leibniz lui est persuadé que Dieu agit en parfait géomètre organisateur de l’univers. Newton restreint la participation de Dieu à mettre de l’ordre dans l’univers, il ne se préoccupe pas des affaires humaines, Newton est là dans la ligne de la Royal Society, qui prône la tolérance, la liberté religieuse et toutes les libertés individuelles, Newton s’honore du progrès des sciences.

Leibniz lui accorde plus de facultés au Grand Architecte de l’Univers, il le qualifie d’infini, d’éternel, au-delà d’un simple organisateur, pour lui il gouverne le monde avec ordre et sagesse, il est lui-même bonté et sagesse. On arrive à la définition de la Théodicée, le mot vient du grec Théos Dieu et de Dikè justice. Qui regroupés donnent Justice de Dieu. Ce que veut démontrer Leibniz c’est que Dieu est fondamentalement bon et sage et qu’il n’est pas responsable du mal qui survient dans le monde.

À ce stade il convient de réfléchir aux sources profondes judéo chrétiennes de la Franc-Maçonnerie et déjà à ce que demande la Franc-Maçonnerie à ses initiés, c’est-à-dire défendre la justice. Les légendes et mythes maçonniques font état de la Sagesse du Roi Salomon et de sa propension à être juste. On peut évoquer aussi les Maîtres de justice et sagesse. Les degrés de perfectionnement du Rite Français sont appelés Ordres de Sagesse.

Leibniz est un optimiste en regardant la vie humaine dans son ensemble il constate que le plaisir semble surpasser la souffrance et la douleur. Le mal peut donc être dépassé par la joie par la volonté des hommes. D’où cette injonction qui clôture les travaux maçonniques :« Que la joie soit dans les cœurs ! »

Pour Leibniz : « Les maux (…) deviennent quelquefois des biens subsidiaires, comme des moyens des plus grands biens. »

Là encore, le rapprochement peut se faire avec l’initiation maçonnique et sa méthode qui impose la connaissance de soi et du monde. Se connaître, c’est reconnaître sa part d’ombre sans peur et sans angoisse car elle permet le passage de l’ombre à la Lumière. Sans connaître ce que je suis, comment pourrais-je prétendre à être autre, plus vrai, différend. Celui qui renonce à connaître sa part d’ombre est soumis à la dictature de son ego, il n’est pas un homme libre. La Théodicée de Leibniz est donc bien la démonstration de son optimisme. Pour lui le mal n’a pas de valeur en lui-même, sinon comme un levier, comme une voie vers le bien. Le Franc-Maçon dès son initiation est confronté à la dualité, il apprend à marcher sur le pavé mosaïque, à passer du noir au blanc, des ténèbres à la Lumière, du vice à la Vertu, grâce à son perfectionnement individuel en luttant sans cesse contre le mal de l’ignorance.

Leibniz, nous appelle à l’humilité devant le mystère des voies divines. Dans sa Théodicée, il reconnait que le monde n’est pas parfait, donc c’est une évidence l’homme non plus, sinon pourquoi travaillerait-t ’il à son perfectionnement ? L’imperfection est dans le mal, cette imperfection différentes formes physique, morale et métaphysique. Leibniz pense que Dieu dans sa bonté a réduit l’imperfection, il aurait laissé à l’homme la possibilité de réduire cette imperfection, en se perfectionnant. Est-ce de votre propre volonté Monsieur, que vous présentez pour être reçu…

Si donc Leibniz reconnait que le monde n’est pas parfait, il juge que Dieu l’a fait le meilleur possible. Il reste de notre responsabilité de l’améliorer. C’est encore ce que nous demande la Franc-maçonnerie. Comment en combattant l’ignorance et en augmentant notre degré de Connaissance, en élevant notre état de conscience au lieu d’accuser exclusivement Dieu de tous nos maux.

« Toutes les fois qu’une chose nous paraît répréhensible dans les œuvres de Dieu, il faut juger, plaide Leibniz, que nous ne la connaissons pas assez et croire qu’un sage, qui la comprendrait, jugerait qu’on ne peut même souhaiter rien de meilleur. » (Essai de Théodicée).

Leibniz avec sa Théodicée n’a pas fait l’unanimité, ainsi Voltaire dans son Candide fait dire à Pangloss non sans sarcasmes une formule restée célèbre : « Tout est au mieux dans le meilleur des mondes. » Consacrant sa vision pessimiste du monde. Voltaire personnage ambivalent souvent considéré comme un parangon de la Liberté, interroge quand on lit ses textes concernant l’esclavage par exemple. On glose aussi à mon sens un peu trop sur son appartenance à la Franc-Maçonnerie où il ne sera initié que très tardivement au seuil de l’Orient éternel.

Leibniz, quant à lui esquisse une forme d’harmonie entre le bien et le mal qui interroge aussi, et fait penser à une formule un peu masochiste un mal pour un bien ! Sa théorie est-ce que le mal réveille le bien, le met en valeur ? Force est de constater que nous passons souvent des ténèbres à la Lumière, du visible à la quête de l’invisible.

Sa Théodicée va dans le détail pour convaincre de cette harmonie entre le bien et le mal. L’inquiétude métaphysique nous inclinerait à reconnaître la bonté de l’Un créateur, du Grand Architecte on est là, à la limite de la culpabilité de la faute originelle. On peut lui accorder ce constat que nous faisons que le mal physique, nos souffrances endurées renforcent notre âme, notre héroïsme ce qui nous permet de supporter ce que nous croyions auparavant insupportable, nous menant parfois jusqu’au sacrifice de notre personne pour les autres. Démonstration que le mal quand nous en avons conscience nous pousse vers le bien, je pense au don considéré comme un devoir, devoir de défendre la bien à l’exemple du Frère Arnaud Beltrame.

Une restriction cependant on ne peut pas chercher le mal moral sous prétexte de connaître le bien, le bien étant Un, indivisible. Pour Leibniz le mal moral est un déficit de bien, donc l’harmonie ne peut pas se réaliser. Les Francs-Maçons d’ailleurs ne s’y trompent pas, quand ils souhaitent : Que la joie soit dans les cœurs ! Ils ne confondent pas joie et bonheur preuve de la nécessité d’être humble, de savoir se contenter de la joie, des joies parcelles de bonheur.

Leibniz à propos du bonheur évoque plutôt un chemin vers… Grâce à un travail constant de perfectionnement, il célèbre ainsi le travail, comme les maçons proclament la gloire au travail. Ce travail qu’il faut préserver et entretenir qui anobli l’homme, qui est une fleur ce muguet du 1er mai, qui s’offre par brin avec joie en témoignage de reconnaissance du travail qui apporte la joie.

Leibniz a-t-il ouvert une fenêtre vers la lumière des degrés de perfection, de sagesse des Rites Maçonniques ?

« Les choses s’élèvent vers la perfection peu à peu et par degrés insensibles ; il est mal aisé de dire où le sensible et le raisonnable commencent. » (Leibniz Nous essais sur l’entendement humain.)

Newton et Leibniz deux pensées différentes, mais je dirais sans aucun doute complémentaires, à suivre. Deux barreaux qui se succèdent sur l’échelle de l’initiation maçonnique, Leibniz sans le savoir peut-être démontre la dualité qui est présente dès le premier degré de l’initiation maçonnique jusqu’au plus ultime de ses degrés, dualité consubstantielle à l’homme qui lui permet d’être en marche sur la voie de son perfectionnement, dont il a intuitivement un désir profond. Leibniz c’est donc bonté de Dieu, mais aussi bonté de l’homme c’est du moins mon impression toute subjective.

 

                                    Jean-François Guerry.

LA THÉODICÉE DE LEIBNIZ

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I
Merci!!! mais...à mon avis......la nature a une faille biologique profonde: Nous sommes carnivores, Notre nature et celle du reste des animaux...<nous tuons et nous mangeons la victime. Nous sommes donc vionents par nature Notre nature est violente....et....on ne peux rien!!!
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G
Les Amérindiens des Cinq Nations au Québec et au nord des États-Unis croyaient que c'est l'animal ainsi tué qui s'offrait en cadeau pour aidé la famille du chasseur.La cosmogonie de ces nations reposaient sur le dons de soi par le sacrifice que se soit animal ou même végétal. Malgré cette vie rude et cette nature hostile ,ils croyaient que le "Grand Esprit" les avaient mis<br /> au meilleur endroit possible,ils se croyaient au paradis. Ainsi cette violence de tuer étaient au niveau de leur perception, l'animal en toute conscience qui se livrait aux amérindiens en cadeau.<br /> Thomas d'Asembourg a dit:<br /> La violence résulte d’un manque de vocabulaire car, l’individu ne sait pas décrire ce qu’il ressent<br /> J'en garderai la naîve espérence.<br /> <br /> Avec tout mon respect<br /> Guillaume Sarazin