L’ALLÉE DU PHILOSOPHE
À Königsberg (maintenant Kaliningrad ville Russe) la ville de naissance d’Emmanuel Kant le philosophe des Lumières, souffle dans une nuit noire le vent de l’oppression.
Kant qui fût un lecteur attentif de Jean-Jacques Rousseau a mis toute sa philosophie au service de l’homme être raisonnable, capable de penser par lui-même en homme libre. Il publiait en 1795 son Projet de paix perpétuelle estimant que le droit ne pouvait régner pour le peuple qu’avec un état garant des libertés. Les Francs-maçons enfants des Lumières prêtent le serment de combattre toutes les dictatures religieuses ou politiques et de défendre la justice qui permet le règne de la vérité et de la liberté.
Que penserait Kant épris du droit et des libertés, et qui liait le combat contre l’ignorance à la Connaissance et aux conditions qui la rende légitime. Que penserait il de ce monde où la vérité est dévoyée par la propagande et les Fake News ?
Il croyait à la Connaissance scientifique qui grâce à ses catégories met en ordre les matériaux fournis par l’intuition. Mais connaissons-nous pour autant le fond des choses, puisque nous n’avons que la capacité d’en saisir les phénomènes. Il se posait aussi la question, pourquoi la raison construit sans cesse des systèmes métaphysiques, sans aucun doute parce qu’un des fondements de la raison est de chercher à réunir, à unifier, même au-delà de toute expérience possible. Il avait compris les limites de la raison. Cela, nous interroge sur notre propension à vouloir séparer la Foi et la Raison, sur notre volonté de les différencier plutôt que de voir leur complémentarité. L’homme est porté, élevé en associant Foi et Raison. La Raison se manifeste au mieux dans la morale. Ce qui conduit à l’impérieuse nécessité de faire son devoir, parfois sans le connaître : « Fais-ton devoir sans conditions et fais en sorte que toutes tes actions puissent s’ériger en morale universelle. » (E.Kant).
Les pensées de Kant sont parfois inaccessibles, cette pensée là est accessible aux hommes de bonne volonté et d’une pure clarté. Si le sombre dictateur de Moscou, pouvait s’inspirer de cette morale universelle et devenait un être de raisonnable en marchant sur les pas de Kant dans l’allée du philosophe dans l’oblast de Kaliningrad la joie remplacerait la souffrance de son peuple et celle du peuple ukrainien.
Jean-François Guerry.
Note : Henri Heine écrivait à propos de Kant : « Il vécut, une vie de célibataire, vie mécaniquement réglée et presque abstraite (…) Les voisins savaient exactement qu’il était trois heures et demi quand Emmanuel Kant, vêtu de son habit gris, son jonc d’Espagne à la main, sortait de chez lui et se dirigeait vers la petite allée de tilleuls qu’on nomme encore à présent et en souvenir de lui l’allée du philosophe. »
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