LE MYSTÉRIEUX PLOTIN – PART- IV-
L’initié alexandrin aux yeux de Lyncée.
« Le sage s’habitue à voir les choses dans la perspective de l’éternité. »
Plotin.
Comme nous l’avons vu Plotin n’a rien écrit, nous savons également qu’il balbutiait avait du mal à s’exprimer. Par quel mystère avec tels handicaps a t’il néanmoins légué plus que des fragments et des traces de sa pensée ? De cette pensée qui résonne encore dans de nombreux ouvrages, dans les cours de philosophie et qui passe comme une ombre parfois entre les colonnes des loges maçonniques.
Un homme qui ne fût pas un grand rhéteur a pourtant été admiré par ses contemporains, sans doute parce qu’il fût exemplaire dans sa vie, à cause de son humilité, de la simplicité de son regard, de la vérité et de la lumière de cette pensée originale.
À propos de la « simplicité de son regard » Jean Trouillard dans la Revue des Études Grecques -1964- Page 638-639, sur la simplicité de Plotin et les traductions de ses textes (rédigés par Porphyre) deux versions sur le divin :
« Je ramène ce qu’il y a de divin en moi, à ce qu’il y a de divin dans le tout. » ou « Efforcez-vous de ramener de ramener le divin qui est en vous au divin qui est dans le tout. »
En liant cette injonction à celle de l’oracle de Delphes : « Connais-toi, toi-même… ». Ces deux injonctions cumulées constituent une ouverture pour la construction de l’homme intérieur, en recherche d’universel et d’absolu.
Ce n’est pas non plus par hasard que Pierre Hadot déjà cité comme philosophe et historien spécialiste de l’antiquité a publié : « Plotin ou la simplicité du regard » aux Éditions Plon dans la Collection la Recherche de l’Absolu.
Comme l’on ne connaît la pensée de Plotin qu’à travers la publication des Ennéades par son élève Porphyre. On peut en déduire que le plus intéressant le concernant est sa manière de vivre. Pour lui la philosophie à été plus Praxis que Theoria. J’ose dire que les Ennéades ayant théorisées sa pensée elles peuvent être comparés à un Rituel initiatique, du type Rituel maçonnique, incitant à vivre la philosophie et à vivre la maçonnerie, un guide pour la pratique et le développement de l’être intérieur.
Jean Trouillard reconnaît à Pierre Hadot le mérite d’avoir eu l’originalité de ne pas voir à travers l’œuvre de Plotin, un itinéraire classique de bien des philosophies qui partant de l’axiome de l’absence de Dieu vont à sa recherche en construisant des voies pour comprendre. Il ne s’agit pas d’aller, à la recherche de l’Un. Mais partant du constat que l’Un est présent en nous sous la forme d’une faible flamme vacillante, chercher à comprendre comment nous avons pu nous éloigner de lui et de sa plénitude. La présence de l’Un en nous, n’est donc pas le problème il est. Le problème est comment renforcer cette présence, comment lui donner Force et Vigueur, comment régénérer cette Unité perdue.
La philosophie de Plotin, c’est le mouvement vers l’Un, c’est une initiation vers l’Un, une élévation spirituelle. On peut faire un rapprochement avec l’initiation aux Mystères de la Franc-maçonnerie. Pierre Hadot écrit : « Il reste que le premier mouvement vers la vertu est déjà un don divin, une illumination, une expérience de l’Union. » Plotin ou la simplicité du regard Pierre Hadot- Page 95.
Ainsi le profane frappe à la porte de la Loge à la recherche de la Lumière, il a déjà en lui la sensation d’être habité par un mystère dont il cherche la source.
Quand l’apprenti maçon travaille sa pierre brute qui n’est rien d’autre que lui-même, que cherche-t-il ? Il cherche ce qu’il possède déjà en lui, mais dont même s’il en pressent la présence il n’en connaît pas l’importance, c’est son Or spirituel imagé par l’acronyme V I T R I O L.
C’est pourquoi la première demande faite à l’initié c’est de fuir le vice et pratiquer la vertu, cette demande après tout, au-delà de tout, sera la demande faite tout au long de sa vie maçonnique. La vertu ayant un effet cathartique, c’est-à-dire purificateur pour libérer l’Un enfoui dans le cœur de l’initié, libérer la Lumière de l’Un. En pratiquant la vertu, en fréquentant les hommes libres, vertueux et de bonnes mœurs, il se libérera peu à peu des écorces et bientôt il verra son âme et son cœur battre d’amour.
La pratique de la vertu prend appui sur la possession de l’âme, sur sa présence en nous. Baruch Spinoza dans son Éthique suit le même raisonnement : « Ce n’est pas parce-que nous sommes vertueux que nous méritons la béatitude, mais parce-que nous possédons déjà la béatitude que nous pouvons pratiquer la vertu. »
Spinoza encore qui fût influencé par Plotin : « Cela signifie alors en ce qui concerne Dieu que, si je ne parviens pas à le comprendre, c’est à partir de moi que je vais chercher à comprendre comment il agit. »
« La dernière raison à l’origine de ce préjugé vient du fait que les hommes imaginent qu’une source extérieure (Dieu) leur aurait donné ces moyens. » Les outils sont présents en nous, la vertu est l’outil primordial.
Cela me fait penser au parrainage maçonnique, chez certains profanes sont décelés des potentialités pour une pratique de la vertu, ils ont le cœur qui bat, le supplément d’âme.
Le Bien et le mal sont présents en nous, certains font pencher le fléau vers le Bien. Mais il reste que le Bien est un don originel, qu’il se renforcera ou non par degrés successifs à force de pratique : à l’image du forgeron Tubalcaïn dans sa forge. Le Bien embryonnaire demande à être nourrit. Sur le chemin initiatique au cours de rencontres, nous recevrons un viatique comme le compagnon lors de sa cérémonie du départ dans le monde hors de sa Loge mère.
Plotin comme les maîtres maçons font leur devoir en donnant à boire à ceux qui ont soif, et à manger à ceux qui ont faim, Connaissance et Spiritualité sont menus des travaux maçonniques.
La contemplation de l’Un chez Plotin n’est pas une passivité, elle au contraire action remontée vers l’Un des ténèbres vers la Lumière. Comme le maçon qui ne cesse de travailler, rectifiant, polissant sans cesse sa pierre, son cœur, son âme. Il tourne son regard, se convertit, pratique l’Exercice Spirituel du regarder au-delà du voir. C’est une ascèse purificatrice, comme le dit Plotin : « Reviens à toi-même, regarde… enlève tout ce qui est superflu, redresse tout ce qui est tortueux, nettoyant tout ce qui est sombre, rends-le brillant, et ne cesse de sculpter ta propre statue (…) jusqu’à ce que tu voies la Sagesse debout sur son socle sacré. »
Jean-François Guerry.
À SUIVRE …. Ennéades.
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