Un blog d'information, de conversations sur le thème de la Franc Maçonnerie, des textes en rapport avec la Franc Maçonnerie, comptes rendus et conseils de lectures.
L'errance un chemin vers la Connaissance à la recherche d'un altérité verticale jusqu'à la solitude....
JF GUERRY.
L
'errance initiatique n’est pas un échec ou une faiblesse : elle qualifie paradoxalement la prise en compte, la considération d'un certain vécu. L’errance, c’est s’approprier le fait d’errer, c'est vivre et habiter cet état si particulier où nous semblons un temps soumis à la vacuité, à la perte de repères. L'errance est la gouvernance de l'erreur : gouverner l’erreur n’est pas la passer sous silence, ou l’amoindrir ; elle est au contraire, comme toute gouvernance, une façon de la garder contre soi afin de la gérer : ce dernier point est une explication plausible du signe de protection qu'impose Yahvé sur Caïn , pour qu'il puisse errer longtemps sans que l'on n'attente à sa vie: du point de vue moral c'est pour qu'il souffre au maximum , du point de vue initiatique, c'est pour qu'il puisse vivre longtemps au plus près de l'erreur afin de la vider de son poison. En tuant Abel, Caïn s’appropriera une identité nouvelle, malmené qu’il était par le jugement de son père, et en même temps s’attribuera une altérité verticale à travers sa descendance. Par ce biais, Caïn transformera la maltraitance psychologique, conduisant à forme dévoyée d’identité, en maltraitance physique, forme d’altérité guerrière qu’il infligera à Abel. Par cet acte hautement symbolique, Caïn sera condamné à errer dans le pays de Nod, sorte de désert métaphysique caractérisant cet entre-soi symbolique et psychologique. On peut bien sûr interpréter exotériquement la condamnation qu’il subit comme une forme de réparation morale de sa faute. Même le signe de Dieu sur Caïn, le rendant intouchable, pourrait être traduit par le fait de le faire souffrir dans la durée, mais exotériquement lui laisser le temps de vivre sa solitude, prémisse à l’établissement de sa postérité.
Si l'errance se manifeste, c’est donc que le milieu extérieur a été réduit au silence. C'est pourquoi le théâtre d'une errance est toujours si aride, si stérile, tout est capté par l'errant, qui, de ce fait se retrouve seul dans le mode. La vision classique de l'errance est donc ce moment où l'initié semble perdre le contact, où il y modification de l'équilibre existant entre lui et son environnement. À ce moment-là, plusieurs possibilités : ou bien cet équilibre est stable, auquel cas les échanges sont possibles : c'est ce que l'on appelle l'évolution progressive, qui est celle que nous vivons communément. Ou bien cet équilibre est instable, et le contact se perd : dans ce dernier cas, 2 possibilités : 1°) si l'environnement prend le pas sur l’individu, on parlera de contexte profane, de paganisme, et de ce que bibliquement on appelle la chute. 2éme cas : l'être prend le pas sur le milieu qui l'entoure : ce milieu va alors se réduire comme une peau de chagrin, et l'on parlera d’errance. L'errance initiatique qualifie paradoxalement la prise en compte, la considération d'un certain vécu.
L'errance, c'est s’approprier le fait d’errer, c'est vivre et habiter cet état si particulier où nous semblons un temps soumis à la vacuité, à la perte de repères. L'errance est la gouvernance, par le maître, de l'erreur : gouverner l’erreur n’est pas la passer sous silence, ou l’amoindrir ; elle est au contraire, comme toute gouvernance, une façon de la garder contre soi afin de la gérer : ce dernier point est l'explication du signe de protection qu'impose Yahvé sur Caïn , pour qu'il puisse errer longtemps sans que l'on n'attente à sa vie: du point de vue moral c'est pour qu'il souffre au maximum , du point de vue initiatique, c'est pour qu'il puisse vivre longtemps au plus près de l'erreur afin de la vider de son poison.
L’homme n’est pas fait pour vivre une altérité ou une identité exclusive, car il s’agit là de statuts plus que de postures. Ces 2 termes collent parfaitement avec le statut d’apprenti et de compagnon, qui sont plus des objets didactiques que de véritables natures. De ce fait, les concepts-limite d’identité et d’altérité ne sont pas faits pour incarner l’initiation, mais pour établir des bornes par essence inatteignables. Face à cette aporie, et comme nous l’enseigne le rituel du 3ème degré, l’homme se retournera, c’est classique, sur lui-même, afin de vivre un état intermédiaire amplifié aussi, ce sera celui de la solitude, C’est cette inaccessibilité qui conditionnera une sidération, une torpeur ontologique, qu’on appellera solitude.
Thierry Didier.
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Où le Maître est souverain et indépendant, seul est-ce une épreuve ? ...
C
’est le caractère didactique, nécessairement « hémiplégique » de l’initiation, qui oblige à considérer d’abord singulièrement chacune des 3 valeurs, de la même façon qu’il expose de façon étagée les 4 éléments alchimiques lors de la cérémonie d’initiation au 1er degré. La solitude existentielle baigne en fait l’être humain car nous naissons et nous mourrons seuls, et ce fil rouge, ce « bruit de fond » n’est que sporadiquement coloré de valeurs propres à nous aider à supporter cet isolement ontologique. Lorsque l’on dit « le maître est seul », il ne s’agit pas que de ce grade, mais simplement de celui à partir duquel ce sentiment peut alors être perçu dans toute sa dimension, sans crainte de s’y perdre. Car ce point-là est fondamental : au grade de maître, nous nous situons entre l’équerre et le compas ; et ce sentiment de solitude est donc toujours borné entre 2 limites, qu’elles soient symboliques ou existentielles. Il est dit que le maître est seul pleinement détenteur des droits maçonniques. En effet, on qualifie souvent la vertu essentielle du maître d’être souverain, comme le sont les loges du même nom.
Le jugement du Roi Salomon
Cette position implique des caractéristiques subsidiaires mais incontournables, à savoir pouvoir agir ou réfléchir en totale indépendance, sans références directes à une sorte de directeur de conscience, même si l’exemplarité est un incontournable viatique. La solitude caractérise en fait un état intermédiaire, situé entre identité et altérité et qui du seul fait de cette position, se voit renvoyé dans les cordes de sa singularité : le solitaire fait souvent peur, et ceci pour 2 raisons : d’abord l’incompréhension que l’autre lui fait subir, et ensuite la peur, pour son prochain, d’être contaminé du même sentiment. La solitude est un entre-deux quelquefois salvateur, quelquefois condamnateur. On peut en jouer, s’y complaire, le révoquer de toutes ses forces. La solitude est quelquefois teintée d’un sentiment de honte, comme s’il fallait absolument participer au mouvement de la vie. Sauf lorsqu’elle est choisie (et encore), la solitude nous renvoie immanquablement à des sentiments mêlés de déréliction, de misanthropie, de tristesse, d’incapacité cognitive, de handicap social et sociétal.
Le Rite Écossais Ancien et Accepté n’a pas, comme le Rite Français, et c’est heureux, cette échappatoire vers une forme de sociétal qui confine parfois à une fuite en avant, à un positivisme auquel on s’accroche afin d’éviter toute dilution dans le néant. Le tangible est rassurant, et l’exigence du Rite Écossais Ancien et Accepté apparaît alors à dessein comme un « supplice existentiel » salutaire. Alors, bien sûr, nous sommes ici sur un plan symbolique, rien ne nous empêche de cultiver la vie par d’autres biais. Ces biais viennent s’ajouter à l’exercice initiatique, car le franc-maçon n’est pas un ascète, un anachorète ou un saint. Simplement cette existence d’un à-côté différent, d’un soubassement introspectif peut à la fois nous rendre plus isolé dans la vie quotidienne, mais aussi nous apprendre à marcher, tel l’ange de l’Apocalypse, un pied dans le sol, un autre dans l’eau. Il faut apprendre à vivre avec cette solitude existentielle, voire à l’apprécier, comme une compagne indéfectible et de toute façon incontournable. La solitude tient étymologiquement de la sole, c’est-à-dire le point le plus bas et donc le plus stable de l’individu : pour percevoir la solitude, il faut donc être campé et sustenté, vivre l’aplomb comme un corollaire et une situation préalable à cette solitude.
LA MÉDITATION DE L'ARCHITECTE
C’est pourquoi toute spiritualité fumeuse ou sectaire semble résoudre la solitude des êtres vulnérables : on pense pour eux, on leur dénie tout fondement d’autonomie, et par là même on les empêche de se raccrocher à une identité solide en flouant leur altérité. Dans la langue française, l’adverbe « seul » nous conduit à 2 états de perception différents, la solitude et l’isolement. La solitude est un état, un statut, souvent choisi là où l’isolement consiste en quelque chose de subi. Si la solitude se rapproche de l’individualité, elle est pourtant vécue et souvent exacerbée par rapport à un collectif : j’y vois l’exode biblique du peuple hébreu, exode signifiant « voyage hors de… », où l’accent est mis sur le périple lui-même. L’isolement se voit, lui, référé à une terre d’origine, toujours référencée : j’y vois l’Exil biblique, dans lequel l’accent est mis sur le retrait individuel.
La solitude signera alors l’à-côté, l’inévitable bruit de fond de cet acte de création par la voie symbolique qui toujours nous isole par la violence de son apparition : c’est pourquoi les actes présents dans les cérémonies d’initiation maçonnique distillent une certaine violence, ressentie comme tel lorsque l’énergie nécessaire à leur manifestation prédomine sur la nature du candidat : c’est pourquoi le feu nous brulera, tant qu’il ne sera pas transmué en un amour ardent: « Le feu te brûle car tu n’es pas encore le feu ». On parlera alors d’épreuves qu’il conviendra de surmonter. Surmonter ne se rattachera pas ici à une quelconque valeur viriliste ou martiale, mais simplement à démontrer la capacité du candidat à dépasser sa condition, quelles que soient les abords par lesquels sera abordée cette condition (abord moral : serment et parjure ; abord existentiel : éléments alchimiques ; abord philosophique : testament ; abord rationaliste : outils ; abord cosmologique : voûte étoilée, luminaires, etc…) La naissance et la mort sont des moments solennels. Cela signifie qu’ils ne peuvent se vivre que seul. Le souci est qu’ils désignent aussi des bascules, des jalons qui nous font à chaque fois passer d’un monde dans un autre, de l’inconnu vers le connu, avec la naissance, puis du connu vers l’inconnu, avec la mort. Grace au génie du rite, il est néanmoins possible de reproduire cette solennité de notre vivant, et ceci grâce à la substitution. Cet acte désigne également un passage, mais il a aussi la vertu de nous faire exister de part et d’autre de ce sas, ayant un temps devant nous l’image du maître assassiné, donc déchu, et puis celle du récipiendaire qui va lui succéder. La substitution est un acte majeur car elle permettra aussi au maçon de continuer à se construire par-delà le 3ème degré, et jusqu’au 16ème degré, par un phénomène -miroir dénommé analogie, qui est un rapport de similarité entre 2 phases successives, mais différentes. Le trait de fraction de ce rapport est justement la substitution. Le maçon n’oubliera plus jamais ensuite ce viatique qui lui permettra de se construire en regard de l’édification du Temple de Salomon.
Cette épithète « seul » renvoie aussi étymologiquement à des valeurs telles l’entièreté (racine latine sollus), mais aussi à solidus, solide et salvus, sauf. Entier, solide et sauf, voilà l’état d’esprit dans lequel doit se trouver l’initié qui s’ouvre à la vie tangible. Au moment précis de la substitution, nous sommes nécessairement seuls, tout comme nous le serons de nouveau à l’instant précis de notre mort. Seule change finalement l’appréciation de cette solitude durant le laps de temps de notre vécu. Nous cesserons alors d’être entier, car nous appartiendrons à un collectif qui est celui de la vie. Nous cesserons d’être solide, car une partie de nous-même sera toujours encline, ou bien à se dissoudre dans le commun, le séculaire, ou bien à s’élever vers une spiritualité qui n’en demeure pas moins un élan proprement humain, Enfin nous cesserons d’être saufs, car soumis au glaive de la chute adamique. C’est cette raison majeure qui s’oppose chez certains à une élévation, non pas par peur du regard de l’autre, mais par peur de quitter le monde tranquille du tangible et d’une réalité à la fois crue et rassurante.
Ce fil rouge et métaphysique d’une solitude consubstantielle est symbolisé, lors de la cérémonie d’exaltation à la maîtrise par cet axe qui ne quitte jamais le récipiendaire au cours de sa pérégrination, depuis l’Occident vers l’Orient : qu’il déambule en arrière, puis en avant en se retournant, puis qu’il enjambe, qu’il se couche et se relève, il ne quitte pas cette véritable colonne vertébrale empreinte d’une solitude qui ne sied qu’à ceux qui sont capables d’en supporter la présence. La solitude sommitale me semble atteinte lorsque le récipiendaire est littéralement planté au sol après le coup létal, observant alors sans pouvoir y participer, le périple circulaire de 7 maîtres le cherchant. La mort répond, par sa solennité, à la naissance, avec une dynamique qui, en valeur absolue lui est comparable. Ainsi existe-t-il un véritable fil rouge, et pour paraphraser Nietzsche « une corde tendue au-dessus d’une abime ». Ce fil est le reliquat, la trace fossile d’une solitude consubstantielle à l’humain. Le maître maçon, pleinement détenteur des droits maçonniques, est simplement celui qui sera apte à capter, à ressentir cette solitude, fréquemment noyée durant l’existence par le brouhaha de la vie et la prégnance du collectif. L’instruction du 3ème degré dit bien : « le maître est seul » et non pas « le maître se sent seul. », car le constat qui est fait est une véritable déclaration métaphysique et non l’expression d’un pathos ou d’un sentiment moral ou cognitif qui plomberait alors la pensée et l’action. Le sentiment de solitude est sans doute, pour l’être humain, un des plus compliqué à appréhender, parce qu’il conditionne tout un imaginaire teinté à la fois de morale et d’une lucidité pas forcément facile à vivre. Il est important de parler d’un sentiment plus que d’un élément factuel, car la solitude se vit toujours nécessairement par rapport à un environnement, qu’il soit intime ou extérieur. Il est très compliqué de parler de ce sentiment, comme s’il était entaché de faute, si on le ramène à l’errance de Caïn. On pourrait même parler de « contagion idéologique » à son égard, comme si le seul fait de l’évoquer risquait de nous emmener dans le tourbillon moral sans fin de la honte et de l’erreur. Cette solitude, qui est un état, se double, au niveau du vécu, de l'errance, qui est ce moment où l'initié semble perdre le contact, où il y modification de l'équilibre existant entre lui et son environnement.
À ce moment-là, plusieurs possibilités : ou bien cet équilibre est stable, auquel cas les échanges sont possibles : c'est ce que l'on appelle l'évolution progressive, qui est celle que nous vivons communément. Ou bien cet équilibre est instable, et le contact se perd : dans ce dernier cas, 2 possibilités : 1°) si l'environnement prend le pas sur l’individu, on parlera de contexte profane, de paganisme, et de ce que bibliquement on appelle la Chute adamique. Dans ce cas, nous avons à faire à une véritable déréliction, où peuvent apparaître des sentiments variés, abandonisme, humiliation, voire opprobre ou déshonneur. Dans un second cas, l'être prend le pas sur le milieu qui l'entoure : ce milieu va alors se réduire comme une peau de chagrin, et l'on parlera d’errance. Adam et Eve, en engendrant Abel et Caïn, prolongent dans le monde tangible, celui d’après la chute, une forme de totalité et de complémentarité par ces deux frères pourtant opposés quant à leurs prérogatives et leurs caractères. Mais cette solitude initiatique est prometteuse, Caïn finira par fonder une dynastie d’où descendront, entre autres, Jabal, Jubal et Tubalcaïn. Dans la même veine, l’Exode et l’Exil produiront un sentiment et une volonté de s’affirmer face à un joug. JC réfléchira 40 jours dans le désert.
Thierry Didier.
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Où le Maître se situe au centre avec bienveillance entre altérité et identité...
L
e mélange résultant d’un savant mariage entre identité et altérité amènera à une certaine conscience de soi-même, si bien exprimé au grade de maître par l’émergence du centre. Mais cette conscience sépare, distingue, aboutissant à cet inévitable invariant qu’est la solitude. Cette solitude est ontologique avant d’être morale ou cognitive, et c’est bien de celle-ci dont nous parle la célèbre sentence du 3ème degré au REAA, « Le maître est seul ». Cette capacité à conscientiser le rapport à l’autre n’a pas de coloration discriminante, car elle est déjà par elle-même discrimination, non dans son sens commun de ségrégation, mais dans celui d’un discernement, d’une volition à construire, c’est-à-dire à rendre cohérent cet ensemble désespérément disparate que constitue l’être humain. Le disparate est, en effet, la mise en évidence d’éléments différents, dont il conviendra, pour l’initié, de trouver le plus petit dénominateur commun, afin de reconstruire, à partir de ce socle universel, un lien qui sera transposable, lui, en tous lieux et en tout temps, et que l’on nommera la symbolique. C’est cette symbolique qui nous offrira des schémas universels et structurants afin que nous en retirions une coloration personnelle, ce qui facilitera leur acceptation.
La sentence « je suis la pierre brute » illustre parfaitement cette occurrence. Imaginons ne serait-ce que la déambulation rituelle : elle marque la chair même de l’initié en le contraignant à une imprégnation posturale et corporelle qui émaillera alors son comportement et sa réflexion, et qui pourra alors le déstabiliser. Heureusement, le grade d’apprenti se vivra au sein de compagnons et de maîtres qui moduleront cette approche en la rendant plus collective, plus humaniste, nuançant et empêchant une affirmation à outrance qui pourrait conduire à une forme d’égocentrisme, d’introspection stérile ou bien même à un repli sur soi. Il en ira de même pour le grade de compagnon, où l’assemblée des maîtres créera une atmosphère de bienveillance, un climat de tolérance à même de recevoir, en les embrassant, les velléités parfois décalées du compagnon. Alors il peut sembler étonnant de ressentir cette solitude chez un être qui aurait auparavant éprouvé identité et altérité. En fait la pensée ternaire, si fondamentale chez le maçon, n’est pas une pensée sériée, c’est-à-dire que les 3 valeurs d’identité, d’altérité et de solitude, ne se succèdent pas suivant la flèche du temps mais existent de concert.
Thierry Didier.
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Où il est question de changement et de permanence...
M
ais l’altérité renvoie aussi à un sens étymologique d’emprunt peu flatteur correspondant à la notion philosophique de « différence par changement », à la fois « diversité » et « altération », c’est-à-dire « changer en mal » (14ème siècle). Nous pourrions alors dire que la mort est l’altérité suprême, puisqu’il s’agit là d’une altération complète et définitive, devant laquelle, tout comme notre naissance, nous ne pouvons nous présenter que nus. Cela dit, l’identité rejoint quelque part l’altérité par son étymologie, du latin identitas qui signifie « qualité de ce qui est le même (14ème siècle) ». Nous pourrions ainsi dire que l’identité est l’altérité du même ; mais le même absolu n’existe pas, ne serait-ce que parce qu’il occupe une place différente dans l’espace.
L’identité qualifie aussi, depuis le 18ème siècle, « le caractère de ce qui est permanent », insensible aux remous qui affectent l’humain. L’altérité est, elle, par essence variable puisque l’Autre est fatalement différent de nous-même, il est apte à se transformer de manière impromptue et surtout imprévisible.Toujours dans l’esprit de l’altérité, le grade de compagnon intègre ainsi toujours 2 données simultanées, impliquant un voisinage et créant par là un lien binaire, une corde tendue entre 2 points : par exemple, le droit de parler ou de ne pas parler. Cette propension à s’appuyer, à se camper apporte de l’intelligibilité au compagnon par rapport à l’apprenti, qui, lui, vit une mouvance globale dans laquelle il ne s’appartient pas vraiment. Mais cette propension à l’intelligibilité du compagnon est insuffisante pour lui permettre de prendre complètement conscience de lui-même : l’expression « le maître est seul » qualifiera ainsi, au-delà du sentiment produit, une conscience véritable qui paradoxalement l’empêchera de se perdre là où le compagnon est susceptible, lui, de s’égarer. L’altérité définit le caractère de ce qui est autre, mais la religion judéo-chrétienne perçoit surtout chez l’autre une entité de la même espèce, c’est-à-dire l’humain. Ainsi, si un arbre est pour nous un autre être vivant, le concept d’altérité n’y est pas associé, sauf à y voir une forme d’animisme. Mais même dans ce dernier exemple, on cherchera l’autre à travers un principe créateur qui habiterait alors une pierre, un végétal ou un animal, plus qu’il ne caractériserait la pierre, le végétal ou l’animal considéré.
L’altérité se conçoit sur ce même modèle, à savoir que l’être humain tout entier ne peut se retrouver dans une projection totale de lui-même, au risque d’y perdre sa substance et son originalité. La confession chrétienne parlera de « prochain », terme un peu abscons dont la vertu sera, soit, d’animer notre humanité et notre partage, mais aussi de proposer un modèle qui nous ressemble. L’identité et l’altérité vont donc contribuer à masquer cette solitude ontologique qui borde et accompagne le vivant. La formalisation de la relation à l’autre ou à soi-même masquera ce vide existentiel, en y apposant des liens et des méthodes visant à remplir ce vide : ce seront, pour l’apprenti les valeurs introspectives et morales, et pour le compagnon des valeurs culturelles telles que les arts libéraux, les 5 sens, nos maîtres philosophes, et surtout le travail, entendu ici dans son acception obstétricale, à la fois fin et moyen d’une relation à l’autre qui permette d’alimenter cette altérité.
Thierry Didier.
Livre de Thierry Didier disponible en librairie
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a solitude ne doit donc pas être vue comme un sentiment intermédiaire entre altérité et identité, mais comme une des 3 composantes mise en tension les unes avec les autres, afin de combler le vide existentiel régnant nécessairement entre les 2 autres. Car le souci, lorsqu’on caractérise trop certains sentiments, est de vider de sa substance tout l’environnement dont ils proviennent, générant une sorte de vide existentiel qui pourra aboutir à un sentiment de solitude ontologique. C’est comme si la vie s’agrégeait autour de points de convergence, laissant à leur périphérie un vide existentiel qu’il conviendra alors à l’initié d’éprouver afin de le supporter. « Le maître est seul » devient, par ce simple constat, l’« antidote » aux ravages que peut provoquer cette « solitude d’atmosphère ».C’est d’ailleurs là la « force » du monde profane, celle d’avoir une appréhension peut être plus superficielle, mais aussi généraliste de la vie, dans laquelle on ne s’interdit rien. La promiscuité permanente de faits, de gestes et d’individus comblera alors, pour la plupart des individus, ce sentiment de manque que l’initié devra, lui, affronter, tout simplement parce que son exigence le poussera à cela. Cette exigence d’une perception purement initiatique, conduira à de ne pas qualifier moralement ou psychologiquement ces sentiments.La solitude initiatique est l’expression philosophique d’un sentiment qui vient naître entre ces 2 dynamiques que sont l’identité et l’altérité. Elle n’est pas une rupture entre deux phases mais un parcours signifiant. Culturellement ces dynamiques sont très marquées, car porteurs de valeurs structurantes portées au pinacle par la bienséance contemporaine. Ainsi l’altérité sera vue, dans l’appréciation collective, comme moralement positive, l’identité comme moralement ambivalente, et la solitude comme moralement négative, eu égard au sentiment judéo chrétien qui lie cette dernière au bannissement, à l’errance et à l’épreuve. L’identité est un concept moral et philosophique. L’altérité est un concept moral et philosophique. Ces 2 termes sont des marqueurs forts de l’évolution initiatique, bien qu’ils ne lui soient pas spécifiques. Ce sont aussi des bornes, des statuts symboliques.
L’identité nous renvoie à l’intime de l’apprenti, qui doit se constituer intérieurement sous l’exposition tamisée de la lune, et sous la gouvernance du mercure, symbole alchimique de l’imprégnation, et donc de l’influence de l’environnement sur l’intime. L’identité est définie par 2 critères qui se recoupent, à savoir la conscience d’exister, indépendamment de ce qui nous entoure, et la souveraineté née de cette conscience. Souveraine, même entre 2 jumeaux homozygotes, car aucun être humain n’occupe le même espace que son prochain. A cette identité se verra naturellement associée l’altérité, qui est le prisme par lequel l’entité individuée verra le reste du monde. L’identité est quelque part définie par la naissance, où le nouveau-né se voit adjuger une entité spatiale et morale qui en qualifie l’existence. L’altérité, elle, définira un concept dans lequel l’individu concerné va verser dans un monde qui est l’autre. Autant l’identité se voit décernée au moment précis de notre naissance, autant l’altérité est le fruit d’un processus plus complexe, qui impose que nous soyons déjà existants. L’altérité est souvent nimbée d’une aura dans laquelle nous retrouvons la valeur humaniste de fraternité...
Thierry Didier
Seul dans le monde, comme un soldat de l'universel....
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Initié doit-on abandonner une partie de soi ? Ou aller à la recherche de son véritable soi ? Le mouvement, le changement, l'initiation provoquent ils des changements, des modifications, des transformations jusqu'au changement d'identité ou révèlent ils notre véritable identité ?
L'initiation est un long chemin vers l'unité, la lenteur, la parcimonie est à l'inverse de la vie en société contemporaine qui nous impose l'immédiateté, la réponse à nos émotions, négligeant le binôme pensée et action.
On oublie, on méprise trop souvent l'instruction maçonnique initiatique, pourtant nécessaire à cette progression scalaire dans le rite. Ce rite qui forme un tout global, un corpus pédagogique qui élève la connaissance vers l'amour des autres, de l'autre l'altérité.
Au milieu entre l'Équerre et le Compas le Maître mûr est seul et responsable.
La réflexion de Thierry Didier est comme toujours pertinente, les mots sont des morceaux choisis, des pierres s'emboitent parfaitement dans un édifice spirituel harmonieux et riche décoré à l'Or fin. Cette richesse comme d'habitude oblige à un déroulement progressif, pas à pas. Je ne manquerais pas de vous restituer en restituer cependant la totalité.
a recherche initiatique peut être caractérisée comme la mise en évidence de choix personnels émis à partir d’une infinité de possibilités, liées à chaque fois à un contexte particulier, jamais identique, dont il convient, pour rendre efficiente notre recherche, d’évaluer l’impact sur soi-même. Lorsque l’on est profane, ou même si on est un initié plongé dans la vie tangible, nous passons sous silence la majorité de ces débuts qu’intente la vie quotidienne, parce que notre volonté est d’aller de l’avant et de faire des arbitrages incessants, avec un objectif qui prend naturellement le pas sur le chemin, ceci sans prendre en considération tout ce qu’on laisse de côté chaque fois que nous progressons. Contrairement à la voie profane, sélective et filaire, la voie initiatique est holistique, et c’est cette globalité des choix possibles qui en estampille l’originalité. On se doute bien qu’il est impossible ne serait-ce que d’imaginer l’arborescence d’options possibles à partir d’un fait déterminé.
C’est pourquoi les signes, mots, attouchements, paroles ou déambulations se distribuent en loge de façon extrêmement codifiée, limitée et parcimonieuse comme d’ailleurs dans toute cérémonie confessionnelle ou philosophique. Cette parcimonie facilite une prise de décision qui permettra à l’initié de déterminer quels sont ces moments importants qui le modèlent et marqueront à jamais sa personnalité. On parlera alors d’optimisation pour réaliser, comme disait Leibniz, « le meilleur des mondes possibles ». De fait, il ne s’agira pas de se dire en permanence qu’il faut ne pas oublier tel évènement, mais de considérer que les cérémonies d’initiation et les tenues seront une mise en forme préalable et épurée qu’il conviendra d’adapter à sa personnalité propre. C’est pourquoi tout ce qui est exposé durant une cérémonie d’initiation l’est de façon préséante et limitée afin que l’initié puisse ensuite identifier tel temps fort et le rapprocher d’une expérience de vie qui saura l’éprouver. C’est pourquoi nous parlerons alors d’épreuves.
L’exigence rend seul, et le « meilleur des mondes possibles », univers leibnizien s’il en est, impliquera des choix drastiques qui iront parfois à l’encontre d’une forme de confort moral et intellectuel qui est, soit, important en loge, mais qui doit se doubler d’un nécessaire travail. Concernant ledit confort, les titulaires des 2 1ers degrés ne seront jamais laissés dans une solitude qui, pour le coup, risquerait de leur être fatale, imparfaitement préparés qu’ils sont à l’exercice initiatique. C’est pourquoi le concept d’identité protègera l’apprenti, là où le concept d’altérité protègera le compagnon. Le caractère unilatéral de ces 2 postures n’est acceptable que parce qu’il s’agit d’un enseignement didactique envers des novices, leur permettant, par son côté cadrant autant que pédagogique, de nourrir ces fondamentaux que sont donc identité et altérité. Ces 2 concepts ne seront jamais chimiquement purs, la vie étant faite d’adaptations, de renoncements, de choix. Le but sera, en inculquant ces fondamentaux, de les appliquer peu ou prou à l’exercice du quotidien, avec toutes les imperfections qui grèvent ce quotidien. Si le principe d’identité est caractérisé chez l’apprenti, et celui d’altérité chez le compagnon, celui de solitude colle au statut de maître. La solitude du maître, située maçonniquement après l’identité propre à l’apprenti et l’altérité propre au compagnon, pourrait laisser penser que celle-ci apparaît comme un accomplissement, dans une progression qui se voudrait linéaire : en fait, nous sommes ici dans l’initiatique, dont la pensée ternaire est la dynamique basale de pensée. Cette dynamique qualifie les 3 termes qui la constituent sans prédominance ou préséance de l’un sur l’autre. Raoul Berteaux, grand vulgarisateur de la pensée maçonnique, se représente le ternaire comme la mise en tension simultanée de chaque terme avec les 2 autres, ouvrant ainsi au syncrétisme permanent des valeurs, à la tolérance des idées et à une progressivité qui se veut consubstantielle à la recherche initiatique. On pourrait ainsi considérer qu’une forme de solitude dans l’altérité amène à se recentrer sur l’individu, et donc sur l’identité ; qu’une solitude dans l’identité pousserait à mettre en exergue l’altérité comme voie de salut ; ou bien que la solitude serait une forme de sauf-conduit entre le principe centripète de l’identité, et celui, centrifuge, de l’altérité. Tout est entendable et envisageable, mais toujours selon une indispensable cohérence des choses. Ces 3 grades, correspondant aux 3 1ers degrés maçonniques, seront vus, lors de leur instruction, dans le cadre d’une image arrêtée qui sera là pour faciliter la perception de ce qu’ils enseignent. Il s’agira donc de principes inatteignables en l’espèce, l’humain n’étant qu’une composition hétéroclite de nombre de facteurs, dont les paradigmes philosophiques d’identité, d’altérité et de solitude, si incontournables soient-ils, ne sont que des cas de figure. Par contre, un initié à la maîtrise saura, et nous y reviendrons, se distancier de la forme figée de ces 3 états, pour fonder une sorte de synthèse permanente, toujours progressive, toujours en mouvement que l’on nomme pensée ternaire. Il est bien dit : « le maître est seul », et non solitaire : le rituel qualifie ici un constat symbolique, une position philosophique, une présence particulière, définissant alors un statut particulier : l’épithète de « solitaire » apporterait un jugement de valeur, toujours prompt à dévoyer le message. Dire « le maître est seul » apporte la caution d’une opinion extérieure, d’un statut qui n’est pas noyé dans l’affect personnel.
Lorsque l’on dit : « le maitre est seul », il ne s’agit pas, bien sûr de voir celui-ci englué dans cette seule dénomination, mais simplement d’isoler, de caractériser cette solitude comme une spécificité qui débute au grade de maître. La solitude sera plus spécifiquement mise en exergue à ce grade, mais ne cessera plus, ensuite, d’accompagner toutes les autres titulatures du rite. Les degrés maçonniques sont en effet gigognes, chaque nouvel acquis englobant les précédents. Néanmoins, chacun des grades possède une idée-force, une caractéristique marquante du degré auquel elle apparait. Exemples : l’idée-force des 2 premiers degrés est la construction, celle du 3ème degré la substitution. Ces idée-force se doublent des principes préalablement cités : construction endogène par le principe d’identité chez l’apprenti, construction exogène par le principe d’altérité chez le compagnon, solitude lors de la substitution du maître et par le maître. Cette substitution passera donc par l’unité préalable de l’impétrant, par sa constitution une et entière, indispensable, comme celle du héros condamné à mourir pour nous (Hiram Abif)…
Thierry Didier.
UN PETIT COUP DE POUCE À LOMIG FERRÉ - LE FILS DE L'UN DE NOS AMIS DES MÉGALITHES. Quel talent de cet acteur, réalisateur, écrivain ...
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Je serais présent sur le Salon le dimanche 20 octobre pour dédicacer mes deux livres. Avec Rémy Le Tallec - Contributeur du Blog et du Livre La Fraternité au Coeur de la Franc-maçonnerie.
Jean-François Guerry
Exercices spirituels antiques et Franc-maçonnerie- Académie Maçonnique de Provence – Éditions Ubik. 253 Pages 16,50 € Auteur Jean-François Guerry. Préface de Charles-Bernard Jameux.
4ème DE COUVERTURE.
Les hommes cherchent à découvrir leur être intérieur. Ils recherchent la connaissance par un retour à l’essence de leur soi. Construire leur temple intérieur pour pouvoir participer à la construction du monde qui les entoure, trouver leur juste place.
Comment y parvenir ? La philosophie antique était theoria et praxis, elle était un art de vivre. La Franc-maçonnerie est aussi un art parfois qualifié de royal, un art qui impose de Savoir, Comprendre et Agir. L’observation de la pratique maçonnique démontre que les travaux maçonniques sont de véritables Exercices Spirituels.
On peut vivre sans la philosophie, comme l’on peut vivre sans la Franc-maçonnerie, mais moins bien.
Éditions Ubik et Académie Maçonnique de Provence.
La Fraternité au cœur de la Franc-Maçonnerie- Éditions Le Compas dans l’ŒIL. 238 Pages. 22 €. Auteur Jean-François Guerry. Préface de Claude Collin.
NOTE ÉDITEUR
Le livre sur la fraternité de Jean-François Guerry explore en profondeur le concept de fraternité dans la Franc-maçonnerie, tout en abordant ses racines historiques, philosophiques et religieuses. Jean-François Guerry analyse la fraternité comme un principe universel fondamental, en particulier dans le contexte maçonnique, où elle est au cœur de l’expérience initiatique.
Le livre commence par une exploration de la fraternité dans la Bible, où l'auteur examine des récits tels que celui de Caïn et Abel pour illustrer les défis de la fraternité humaine, soulignant l'importance de la responsabilité fraternelle et du rejet de la violence et de la vengeance. Il établit un lien entre ces récits bibliques et la nécessité d'une fraternité basée sur l'amour et la justice.
Jean-François Guerry étend ensuite son analyse à d'autres traditions religieuses et philosophiques, en passant par l'hindouisme, le bouddhisme, et les enseignements de philosophes grecs comme Pythagore, Socrate, Platon et Aristote. Il met en avant la manière dont ces traditions et philosophies ont contribué à la formation d'une fraternité universelle, insistant sur le fait que cette fraternité transcende les différences culturelles, religieuses et philosophiques.
Dans le contexte de la Franc-maçonnerie, Jean-François Guerry considère la fraternité non seulement comme une valeur mais aussi comme un devoir. Il critique les divisions internes au sein de la Franc-maçonnerie moderne, qu’il voit comme un échec à vivre pleinement l’idéal de fraternité, et appelle à une fraternité maçonnique authentique et universelle, libre de tout dogmatisme et ambition personnelle.
L'ouvrage conclut que la fraternité, bien qu’elle soit une épreuve exigeante, est essentielle pour l’épanouissement humain et maçonnique. La Franc-maçonnerie est vue comme un espace où cette fraternité peut être cultivée et mise en pratique, contribuant ainsi à éclairer le monde. Le livre est un appel à "oser la Fraternité", à agir pour préserver et promouvoir ce lien sacré dans un monde souvent en proie à la division et à la violence.
En résumé, l'ouvrage de Jean-François Guerry est une exploration approfondie de la fraternité à travers les âges, avec un accent particulier sur son importance dans la pratique maçonnique, et un appel à une fraternité universelle et inclusive.
L’intégralité des droits d’auteur sont versés à la Fondation de la Grande Loge de France ‘Fraternité et Humanisme’
L’Auteur : Jean-François Guerry né en 1947 à Vanves. Il vit entre Rennes et Quiberon. Après des études supérieures en agriculture. Jean-François Guerry fait carrière dans l’industrie pharmaceutique pendant quinze ans. Il crée une société de « Transactions pharmaceutiques ». Passionné de philosophie et en particulier de la philosophie de l’antiquité, il entre en Franc-maçonnerie en septembre 1987 à la Grande Loge Nationale Française au Rite Écossais Ancien et Accepté. Il occupera des charges régionales dans cette obédience, qu’il quitte en 2013 pour intégrer la Grande loge de France et la juridiction du Suprême Conseil de France du Rite Ancien et Accepté. Il est le créateur et l’animateur du Blog Maçonnique : lafrancmaconnerieaucoeur.com. Il est aussi l’organisateur des Rencontres Maçonniques de Kerdréan à Auray dans le Morbihan.
Présent sur le Salon du Livre Maçonnique CERAL à Nantes/Carquefou le Dimanche 20 octobre 2024.
a Franc-maçonnerie est un centre d’union fraternel entre tous les hommes. Elle permet la rencontre d’hommes qui sans elle seraient restés dans l’ignorance les uns des antres. Elle contribue donc à abolir les barrières sociales, elle construit des ponts plutôt que des murs. Dans ce centre d’union fraternel tous les hommes ont leur place parce que dans leurs diversités ils contribuent à l’harmonie du monde. Ainsi, la Franc-maçonnerie accueille tous les hommes quelques soient leur couleur de peau, leur religion, leur engagement politique pourvu que ces derniers ne soient pas extrémistes car ils ne pourraient pas faire communauté.
La Franc-maçonnerie participe donc à faire naître, mais surtout croître l’empathie, notre capacité à s’identifier à autrui sans être toutefois le même.
L’empathie est un triangle dont les côtés sont : l’empathie émotionnelle affective, l’empathie cognitive et l’empathie mature acquise murie par un travail sur soi. Cette empathie murie est la beauté qui couronne le travail maçonnique. Faire en sorte que l’homme ne soit pas un loup pour l’homme[1]. L’empathie nous oblige de toujours parler à l’homme, l’altérité, la fraternité sont le contraire de l’individualisme. Il est bon et juste me semble-t-il de rappeler que la spécificité de l’initiation maçonnique est qu’elle est individuelle mais ne peut se réaliser que dans un cadre collectif, elle ne saurait être pleine et entière sans la participation des autres qui apportent leurs pierres à la construction du Temple de l’homme, elle rapprochement tension vers l’Unité, mais aussi rapprochement vers les hommes. Elle ascension des marches de l’amour de philia jusqu’au perron suprême de l’agapé. Comment pourrions-nous y parvenir sans ouvrir la porte de l’empathie.
La Franc-maçonnerie permet le dépassement de l’empathie sociale, cette empathie restrictive qui ne se pratique que dans un entre-soi, dans des cénacles regroupant des personnes toutes semblables regroupées par affinités sociales.
L’empathie n’est pas pour autant compassion, qui est un compagnonnage dans la passion ou les passions, nous compatissons par rapport à un événement particulier une souffrance, un accident. La compassion est une des conséquences de l’empathie, qui est un préalable me semble-t-il à la compassion.
Enfin l’empathie « murie » permet le développement de notre spiritualité, en allant vers l’autre, vers notre lointain celui qui est au-delà de nos proches, nous grandissons nous élevons notre Connaissance qui est Amour de l’autre, de l’homme. L’empathie murie, l’empathie maçonnique est une conséquence de notre travail spirituel elle devient suivant l’expression de Sama Karaki [2] : Une boussole morale.
Jean-François Guerry.
Pour aller plus loin : Lire Samah Karaki L’empathie est politique. Collection Nouveaux Jours Éditions J C Lattès.
[1] Thomas Hobbes (1588-1679). De cive du Citoyen. 1642.
[2] Sama Karaki – Née à Dubaï, elle a grandi à Beyrouth cette Docteure en neuroscience est chercheuse à l’Université de Paris Descartes.
Samah Karaki
L’empathie est politique.
Dans le langage ordinaire, ressentir de l’empathie signifie se mettre à la place de l’autre, et éventuellement partager ses émotions. Ce phénomène complexe, souvent considéré comme étant à l’origine du comportement moral et altruiste, s’est retrouvé au cœur du débat public, certains arguant qu’il serait la solution à l’intolérance et aux discriminations. Mais, dans une société traversée par les conflits et les rapports de domination, l’empathie permet-elle vraiment de comprendre l’autre ?
À la lumière des dernières découvertes en neurosciences et en sciences sociales, Samah Karaki démontre que l’empathie se révèle foncièrement faillible et sélective, ne résistant pas à la déshumanisation de l’autre ou à sa prétendue infériorité construite par les discours médiatiques ou politiques. Dans un essai stimulant et puissant, elle invite à reconnaître que l’on est inévitablement exclu de l’expérience des autres, et à imaginer de nouvelles voies pour s’ouvrir à leurs réalités. Plutôt que d’apporter à la souffrance et à l’injustice une réponse individuelle et affective, elle plaide en faveur de mesures politiques et sociales.
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Louise-Marie-Thérèse-Bathilde d’Orléans, (1750-1822), est une princesse du sang, duchesse de Bourbon et princesse de Condé. Elle est la sœur de Louis-Philippe d'Orléans, futur « Philippe Égalité » sous la Révolution. Elle prit comme lui un nom révolutionnaire et se fait appeler « Citoyenne Vérité ». Elle a habité tant le Château de Chantilly que le Palais de l’Elysée ou l’