Un blog d'information, de conversations sur le thème de la Franc Maçonnerie, des textes en rapport avec la Franc Maçonnerie, comptes rendus et conseils de lectures.
SAGESSE ANTIQUE POUR MIEUX VIVRE – PART – XX- PLOTIN
« Les vertus, mettent réellement de l’ordre en nous et nous rendent meilleurs ; elles imposent des limites et une mesure à nos désirs et à toutes nos passions, elles nous délivrent de nos erreurs. »
Plotin Traité 19 sur les vertus. Ennéades I,9.
Plotin (205-270), est souvent convoqué dans les loges maçonniques pour enrichir les travaux des Sœurs et de Frères, comme point d’appui à leurs démonstrations, ou encore pour faire des analogies avec les textes des rituels. Les Ennéades de Plotin nous ont été transmises par Porphyre qui les as classées et éditées, Plotin ne déroge donc pas à la règle comme de nombreux philosophes de l’antiquité il a été dans l’oralité plus que dans l’écriture.
Nombreux sont les exégètes de la pensée plotinienne qui s’accordent pour dire qu’elle incarne le sommet, la pyramide du platonisme, de l’esprit et des idées de Platon, se rapprochant ainsi de Pythagore. Il croyait à la capacité de l’homme de s’élever jusqu’à un haut niveau de conscience, permettant de connaître et de vivre des moments rares, extatiques où l’homme peut contempler la plénitude de l’un. Sa proximité avec la tradition chrétienne naissante et les gnostiques ont pu laisser croire que Plotin était un mystique. En réalité, il a été un rationaliste, qui mettait la pratique de la vertu, des vertus à haut niveau. Mais il était dans le monde, il avait rompu avec les épicuriens qui croyaient à la puissance des sens pour connaître la vérité. Mais aussi avec Aristote et son ordonnancement du monde et même les premiers stoïciens qui certes portaient la loi morale au pinacle de leur philosophie. Il sera plus proche de Marc Aurèle c’est-à-dire du stoïcisme tardif ou impérial qui mettait en avant la construction de l’homme, de sa « Citadelle intérieure », de son temple intérieur dirait un Franc-maçon.
Pour Plotin, il fallait que l’homme pénètre son soi, son intimité profonde, son être intérieur et qui passe sa vie à le sculpter par la pratique des vertus, par l’ascèse, la purification (Katharsis), afin de pouvoir se diriger vers les hautes sphères de la spiritualité. Pour avoir la possibilité de frôler ne serait-ce qu’un instant l’Un Bien, le Juste, le Beau. Plotin compare la construction de la vie, par le travail sur lui-même, sa pierre brute pour en extraire le meilleur, comme l’apprenti maçon, puis le polissage de cette pierre comme le compagnon et enfin lui trouver sa place comme pierre d’angle de soutien, capable de soutenir harmonieusement l’édifice de la vie, de mieux vivre, une vie la plus sage possible ; pour qu’elle soit un rayon de lumière qui contribue à l’illumination du monde, qui passera ainsi des ténèbres à la lumière, du chaos à l’ordre.
Plotin nous incite donc, à la pratique d’exercices spirituels, comme la Franc-maçonnerie nous y incite en nous montrant la voie du travail sur nous-mêmes.
Plotin, va même jusqu’à penser que nous n’avons pas conscience que notre activité spirituelle nous mène vers le bien. Comme le Franc-maçon n’a pas toujours conscience des métamorphoses qui s’opèrent en lui, et qui sont la conséquence de sa pratique des vertus, il considère ses progrès comme insignifiants, comment en serait-il autrement, ces progrès sont lents, ils demandent parfois une vie entière, ce n’est qu’au moment de la pesée de l’âme que la balance penche, grâce à une once de sagesse. Le Franc-maçon ne perçoit pas toujours ses changements, ce sont ses Frères et les profanes qu’il côtoient qui s’en aperçoivent.
La pensée de Plotin, comme le corpus pédagogique de l’initiation maçonnique incite le myste à se débarrasser des écorces inutiles, du superflu qui alourdit sa conscience et son âme et l’empêche de s’élever.
Chaque coup de maillet, fait pénétrer le ciseau de la morale et rend la sculpture plus belle.
« Reviens, en toi-même et regarde : si tu ne vois pas encore la beauté en toi, fait comme le sculpteur d’une statue qui doit devenir belle ; il enlève une partie, il gratte, il polit, il essuie jusqu’à ce qu’il dégage de belles lignes ; comme lui, enlève le superflu, redresse ce qui est sombre pour le rendre plus brillant, et ne cesse de sculpter ta propre statue, jusqu’à ce que l’éclat divin de la vertu se manifeste. »
Dans presque chaque mot de ce texte on retrouve à la fois les outils symboliques et la réalisation du travail maçonnique. Cette incitation à passer des ténèbres à la lumière, il s’agit d’une véritable conversion, de porter un autre regard sur nous-mêmes et sur le monde. Comment y parvenir par la pratique des vertus. Concrètement par le silence, pour écouter sa conscience, puis comme Plotin nous y incite : « Fermez les yeux du corps pour ouvrir ceux de l’esprit. »
Le Franc-maçon dirait ouvrir l’œil central, celui du cœur pour voir, connaître et vivre selon l’intelligence du cœur.
Les Francs-maçons, ne font pas autre chose quand ils se mettent au signe de deuil, pour faire correspondre leur esprit avec celui de leurs Frères qui ont franchis la porte de l’Orient éternel.
On comprend un peu plus la présence de la pensée plotinienne dans les loges, cette philosophie qui porte l’éthique à un haut niveau, porte le questionnement des hommes sur leur capacité d’aller au-delà de l’ordinaire raison, de résoudre la souffrance engendrée par les vices ; de se rapprocher d’une vie plus simple, plus vertueuse, plus humaine, plus spirituelle, plus charitable. Une vie non pas mystique, une vie qui prend en compte notre matérialité, mais qui s’efforce de mettre le compas de l’esprit au-dessus de l’équerre grâce à la force de l’amour fraternel. Une vie qui institue une hiérarchie où la vie spirituelle domine toujours la vie matérialiste.
« Si tu te vois devenu cela, devenu toi-même une vision prenant confiance en toi-même, remontant déjà vers le haut, tout en restant ici en bas, n’ayant plus besoin de guide, fixe intensément les yeux et regarde. » Je rajouterais à la manière de Kipling, tu es un maître maçon mon Frère, tu es passé de l’avoir à l’être.
Jean-François Guerry.
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SAGESSE ANTIQUE POUR MIEUX VIVRE -PART-XIX-
« L’homme bien né s’adonne surtout à la sagesse et l’amitié : desquelles l’une est bien mortel, l’autre un bien immortel. »
Épicure. Sentences Vaticanes.
Mon ami, mon Frère, pour bien vivre, pour mieux vivre il faut au moins un ami près de soi. Épicure qui fut lecteur d’Hésiode et de sa théogonie dont le début décrit le chaos primordial. C’est peut-être ce qui l’incita à chercher l’ataraxie la paix de l’âme, la vérité et le bonheur de vivre.
Avoir un ami près de soi favorise cette recherche, pour mettre fin à la souffrance et être dans la joie.
« Parmi les choses dont la sagesse se munit en vue de la félicité de la vie toute entière, de beaucoup la plus importante est la possession de l’amitié. » Épicure Sentences Vaticanes.
Ainsi la sécurité de l’amitié est propice à la vie sage.
« Toute amitié est par elle-même désirable ; pourtant elle a eu à son commencement d’utilité. » (Ibid)
On n’hésite parfois par pudeur et timidité à tendre la main et ouvrir son cœur, c’est un exercice à travailler. Épicure nous recommande simplement d’être prêt à donner et à recevoir les bienfaits de l’amitié.
« Il ne faut approuver ni qui est trop prompt à l’amitié, ni qui est trop lent : car il faut être prêt même à s’exposer hardiment au danger, en faveur de l’amitié. » (Ibid)
Socrate voyait dans l’amitié un manque à combler pour atteindre la plénitude. Ce n’est pas, par hasard qu’un de ses premiers dialogues rapportés par Platon porte le nom de Lysis(amitié). Ce dialogue, qui a plutôt la forme d’un monologue pourrais aussi être considéré comme un prologue à la recherche de la sagesse. C’est la prise de conscience de la nécessité de l’amitié sincère de l’amour Philia. Cet exercice se déroule dans un gymnase athénien, un lieu destiné aux exercices physiques et spirituels, on y enseignait par les dialogues l’entrainement aux vertus, aux relations vertueuses entre les hommes. Les loges maçonniques sont aussi des lieux où cette pratique est reprise par les Sœurs et les Frères, on y vit des moments authentiques d’amitié, d’amour Philia. La loge maçonnique est un lieu d’éveil de l’amitié, de l’amour fraternel.
« L’amitié mène sa ronde autour du monde habité, comme un héraut nous appelant tous à nous réveiller pour nous estimer heureux. »
Aristote avait sur l’amitié naissante une vision plus matérialiste, raisonnée et raisonnable, il liait l’amitié à une quête du plaisir et à un intérêt réciproque. Si cela était réaliste en ce qui concerne la genèse de l’amitié, au fil du temps il reconnaissait que l’amitié devenait vertueuse la quête du profit matériel ayant ses limites, alors que le don de soi n’en n’a pas. Quoi de plus beau, de plus émouvant qu’une quête spirituelle avec un ami. La Franc-maçonnerie permet cette réalisation grâce à son processus initiatique spécifique qui associe la recherche individuelle du perfectionnement par la pratique des vertus et le partage des valeurs avec un collectif. L’on peut être ensemble des amis de la sagesse, tout faisant progresser son être intérieur.
On peut cependant légitimement se demander pourquoi le sage qui connaît la paix de l’âme aurait-il besoin d’un ami, d’amis ou de l’amitié. Parce qu’il ressent en lui sa responsabilité totale vis-à-vis de l’autre, il est le gardien de son frère. Il a besoin du visage de l’autre, de l’absolument autre comme le pensait Levinas, parce que l’autre différence qui l’enrichit, il est aussi totalité et absolu.
Jean-François Guerry.
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EDDI READER - "Auld Lang Syne" (at Scottish Parliament)
at opening ceremony of the new Scottish Parliament building in Edinburgh, Oct. 2004.
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SAGESSE ANTIQUE POUR MIEUX VIVRE -PART-XVIII-
« Les hommes sont faits les uns pour les autres : corrige-les donc, ou supporte-les. »
Marc Aurèle Pensées pour moi-même Livre VIII- LIX. Traduction Émile Bréhier PUF.
Parmi les stoïciens emblématiques de l’antiquité, l’on trouve toutes les classes sociales : des pauvres esclaves comme Épictète, jusqu’à Marc Aurèle l’empereur philosophe, en passant Sénèque le politicien, ou encore Cicéron l’orateur humaniste. Cette école du « Portique » (Stoa en grec) recouvre presque cinq siècles de Zénon de Citium le fondateur 301 av.J-C jusqu’à Marc Aurèle 180 ap. J-C. C’est dire sa place dans la philosophie antique et son influence qui perdure encore.
La Franc-maçonnerie cette vieille dame sage de plus de trois siècles a forcément subit l’influence de cette école du « Portique » ses propres colonnes en témoignent. Les Francs-maçons sont aussi les amis des pauvres et des riches pourvu qu’ils soient vertueux, ils sont amis de la nature et préoccupés du bien moral qu’ils placent comme les stoïciens au-dessus de toutes choses. Ils sont comme eux des hommes de théorie mais aussi de pratique, les mêmes paroles circulent entre les colonnes du Portique et celles des loges maçonniques.
Les Pensées soi-même de Marc Aurèle, sont de véritables mantras, comme les textes des rituels maçonniques, catéchismes spirituels intemporels et universels.
Marc Aurèle pratiquait une sorte d’ascétisme spirituel, un exercice quotidien de méditation, un examen de conscience, il s’interrogeait chaque soir sur ce qu’il avait fait de bien dans sa journée. Était-il content et satisfait, avait-il travailler et méritait-il de recevoir son salaire ?
La philosophie de Marc Aurèle, comme la pratique maçonnique n’est pas un divertissement intellectuel ou un repas de ‘chasseurs buveurs’. C’est une manière d’être et de faire.
« Ne plus du tout discuter sur ce sujet : que doit être un homme de bien ? Mais l’être. »
Celui qui s’efforçait d’être humble, d’être l’ami de la nature, des hommes, des arts fût pourtant contraint aux vicissitudes des hommes d’état, il dut sa vie durant guerroyer, résoudre les problèmes de l’empire.
Sa part d’ombre a été relatée par Ernest Renan dans son ouvrage Marc Aurèle ou la fin du monde antique. Renan voit après la mort de Marc Aurèle en 180 ap. J-C, la fin de ‘l’embryogénie’ du christianisme c’est-à-dire le début de sa vie propre. Marc Aurèle en effet persécuta les chrétiens de son époque considérés comme les membres d’une secte, il fallait à Rome une religion d’état en accord avec le pouvoir impérial. Ce pouvoir qu’il faut exercer reste souvent une contrainte même pour les âmes les plus élevées.
La pensée de Marc Aurèle oscilla entre la rhétorique de Fronton et la sagesse d’Épictète, mais c’est Junius Rusticus sénateur, préfet, consul lui aussi stoïcien réputé qui fut le formateur de Marc Aurèle. Pierre Vesperini et Pierre Hadot deux éminents philosophes spécialistes de l’antiquité ont des visions différentes sur les influences subies par Marc Aurèle Pierre Vesperini voit du Fronton dans Marc Aurèle, alors que Pierre Hadot voit de l’Épictète. Deux Pierres qui se frottent en quelque sorte entre les deux surgit sans doute l’étincelle de la lumière sur les pensées de Marc Aurèle.
Marc Aurèle était semblait-il loin de ces préoccupations exégétiques, puisqu’il n’imaginait pas que ses Pensées seraient publiées, diffusées et nous parviendrais un jour. Elles étaient pour lui, un journal intime, un examen de conscience permanent, un récit de moments vécus par son être intérieur s’exprimant à l’écart des turbulences du monde. Un peu comme les Sœurs et les Frères qui prennent le chemin de leur loge et qui méditent sur leur vie, sur la nature du monde, sur le bien qu’ils pourraient faire à la fois à ceux qu’ils connaissent et reconnaissent et au monde en général. Ces sœurs et ces Frères, comme Marc Aurèle ciseau et maillet symboliques en main travaillent leur pierre afin de discerner ce qu’il y a de bon, de bien, de beau en eux qu’ils peuvent offrir comme un don sans rien attendre en retour que la joie dans leur cœur.
Marc Aurèle c’est aussi la morale concrète, discrète, mise en œuvre dans la vie courante. Il y a de la lucidité dans ses Pensées. Il met en œuvre une méthode de construction de sa Citadelle intérieure (cf Pierre Hadot).
Le Franc-maçon, parle lui de la construction de son Temple Intérieur ou de sa Cathédrale de Lumière.
« Regarde au-dedans de toi : c’est au-dedans de toi qu’est la source du bien, une source intarissable pourvu que tu fouille toujours. »
Marc Aurèle Pensées pour moi-même Livre VII- LIX Traduction Émile Bréhier PUF.
« La perfection des mœurs consiste à passer chaque jour comme si c’était le dernier, sans trouble, sans indolence, sans dissimulation. »
Marc Aurèle Pensées pour moi-même Livre VII- LXIX Traduction Émile Bréhier PUF.
Jean-François Guerry.
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SAGESSE ANTIQUE POUR MIEUX VIVRE PART- XVII
Mieux vivre, profiter de la vie, être un épicurien autant d’expressions souvent entendues qui laissent penser à une vie débridée de toutes les contraintes, une vie immorale. Peut-on être content et satisfait d’une telle vie, ou paraître l’être sur l’une et l’autre col…Je vous laisse méditer sur un extrait d’une lettre que fit parvenir Épicure à Ménécée sur la morale. Vous ferez vous-mêmes l’analogie avec votre pratique profane ou maçonnique.
Bonne lecture
Jean-François Guerry.
« L’habitude, par conséquent, de vivre d’une manière simple et peu coûteuse offre la meilleure garantie d’une bonne santé ; elle permet à l’homme d’accomplir aisément les obligations nécessaires de la vie, le rend capable, quand il se trouve de temps en temps devant une table somptueuse, d’en mieux jouir et le met en état de ne pas craindre les coups du sort.
Quand donc nous disons que le plaisir est notre but ultime, nous n’entendons pas par là, les plaisirs des débauchés ni ceux qui se rattachent à la jouissance matérielle ; ainsi que le disent les gens qui ignorent notre doctrine, ou qui sont en désaccord avec elle, ou qui l’interprètent dans un mauvais sens. Le plaisir que nous avons en vue est caractérisé par l’absence de souffrances corporelles et de troubles de l’âme.
Ce ne sont pas les beuveries et les orgies continuelles, les jouissances des jeunes garçons et des femmes, les poissons et les autres mets qu’offre une table luxueuse, qui engendrent une vie heureuse, mais la raison vigilante, qui recherche minutieusement les motifs de ce qu’il faut choisir et de ce qu’il faut éviter et qui rejette les vaines opinions, grâce auxquelles le plus grand trouble s’empare des âmes.
De tout cela la sagesse est le principe et le plus grand des biens. C’est pourquoi elle est même plus précieuse que la philosophie, car elle est la source de toutes les autres vertus, puisqu’elle nous enseigne qu’on ne peut pas être heureux sans être sage, honnête et juste. Ni être sage, honnête et juste sans être heureux. Les vertus, en effet, ne font qu’un avec la vie heureuse et celle-ci est inséparable d’elles. »
Extrait de Lettre à Ménécée sur la morale traduction de Brun P.U.F. Coll SUP.
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3èmes RENCONTRES DE KERDRÉAN
CONFÉRENCES TOUS PUBLICS
LE MERCREDI 9 NOVEMBRE 2022
Organisation Association les Mégalithes
Salles de la ZA du Mané Salut 56400 Brec’h
10h00
Paroles de Franc-maçon. Mémoires maçonniques et libertaires
Conférencier Charles-Bernard Jameux.
11h30
Exercices spirituels antiques et Franc-maçonnerie
Conférencier Jean-François Guerry.
Pause déjeuner convivial
15h00
Mystères et symbolisme des cathédrales
Avec film et diapositives
Conférencier Hervé Deroeux
Clôture 17h00
Réservations obligatoires
Mail de contact pour réservations :
rencontresmaconniqueskerdréan@gmail.com
Tél de contact : 06 16 82 73 16.
SAGESSE ANTIQUE POUR MIEUX VIVRE -PART-XVI-
« Le scepticisme est l’élégance de l’anxiété. » - Emil Cioran.
« Le scepticisme est la carie de l’intelligence. » - Victor Hugo.
Aujourd’hui tout le monde sait tout sur tout ! À l’inverse de Socrate qui affirmait « Je sais que je ne sais rien ! » et c’était déjà beaucoup, humilité feinte, ou réalisme ?
Notre société est submergée par les apprentis experts, les politiques sont devenus des épidémiologistes, les médecins des experts en économie et politique. Si quelques rares hommes peuvent prétendre être initiés en tout, ou des encyclopédistes, la majorité d’entre-nous a déjà du mal à maitriser son domaine d’activité. Comment les apprentis en sont arrivés à se prendre pour des maîtres ? Sans doute grâce à notre société hypermédiatisée, où la communication a remplacée l’information. C’est le règne des experts des « Spindoctors » au plus haut niveau de l’état. Le doute n’est plus possible il est considéré comme une faiblesse. Le sage ne devrait donc pas avoir d’opinion ? Nos opinions sont t’elles une ruse, une philautie de notre ego ? Il faut au moins avoir l’humilité de se poser la question.
Selon Pyrrhon le sceptique, (- 360 av. J-C – 275 av. J-C) Il existerait une voie du milieu entre le dogmatisme de la vérité absolue, et les sophistes qui nient toute vérité. Était-il un précurseur de Descartes et de son doute constructif et rationnel ? Il pensait qu’il fallait se défier de nos sens et de nos jugements, cela l’a conduit à une sorte d’indifférence permettant selon lui d’atteindre la tranquillité de l’âme, une forme poussée déviée, du stoïcisme ?
Personnellement, j’adhère difficilement à cette indifférence cette sagesse passive, qui annihilerait tous les désirs de vivre, de vivre mieux. Si la suspension, le temps long est nécessaire pour porter un jugement, cette suspension par nature ne peut être qu’un état intermédiaire, cette épochè, nuit à l’action, sème le trouble, on ne peut plus distinguer le bien du mal, ni le juste de l’injuste.
Ce que la Franc-maçonnerie nous recommande, c’est de forger par soi-même son jugement, de le construire. Le scepticisme ne peut-être une fin en soi. Ainsi, j’ai le devoir de voter, de décider, de réfléchir certes mais pour agir. Constater qu’une vérité personnelle, n’est pas absolue, n’entrave pas la recherche de celle-ci, même si l’on a la certitude de ne pas y parvenir, l’on peut se mettre volontairement sur son chemin.
L’analogie qui peut être faite entre le scepticisme de Pyrrhon et la méthode maçonnique, c’est l’exercice de la prudence et de la vigilance dans nos jugements. Ainsi que la maîtrise de nos paroles, l’écoute et la tolérance fraternelle. La sagesse de Pyrrhon a souvent été comparée aux sagesses d’Orient, ce doute est peut-être l’éternelle recherche de la voie du milieu.
Mais l’on doit aussi se garder de le transformer en une humilité feinte, comme le pensait Pascal.
« Les discours d’humilité sont matière d’orgueil aux gens glorieux, et d’humilité aux humbles. Aussi ceux de Pyrrhonisme et de doute sont matière d’affirmation aux affirmatifs. Peu de gens parlent de l’humilité humblement ; peu de la chasteté chastement ; peu du doute en doutant. Nous ne sommes que mensonge, duplicité, contrariétés. Nous nous cachons, et nous déguisons à nous même. »
Blaise Pascal.
Jean-François Guerry.
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SAGESSE ANTIQUE POUR MIEUX VIVRE -PART- XV-
« Ici le plaisir est le souverain bien. »
C’est l’inscription que paraît-il l’on pouvait voir à l’entrée du Jardin d’Épicure. On est loin de la formule de l’Académie de Platon « Nul n’entre ici s’il n’est géomètre. » Ou encore de ce que l’on peut lire à l’entrée de certains temples maçonniques « Ordo ab Chao ». À voir ? Les épicuriens auraient remplacé le désir du bien, la loi morale qui doit régir toute chose, par la jouissance des plaisirs ? Ou encore le désir de savoir d’Aristote par cette simple jouissance des sens ?
À notre époque l’on voit fleurir des Jardins d’Épicure, des Jardins des sens, sensés apporter le bonheur et la joie. On vend dans ces lieux des produits et des pratiques pour le « le bien-être » de notre corps et accessoirement pour notre esprit moyennant une poignée d’euros.
À l’époque d’Épicure (342-270 av. J-C) dans son Jardin l’on recherchait l’ataraxie, la paix de l’âme. Même Sénèque le stoïcien reconnaitras bien plus tard l’enseignement d’Épicure et compris l’attachement de son ami Lucilius à cette doctrine, avant de le convertir au stoïcisme. Sénèque voyait dans l’épicurisme un ascétisme du plaisir. Une certaine pratique de l’ascétisme du plaisir, une purification des plaisirs, garder simplement les plaisirs utiles, et renoncer à ceux qui sont superflus. Ainsi le franc-maçon apprend à manier avec discernement les bienfaits de la vie, ses métaux. Il cherche à se débarrasser des encombrants inutiles, rechercher sous les écorces la sève essentielle à la vie. Il est le sculpteur, qui burine, puis polit sa statue.
Force est de constater que nous sommes plus malheureux de nos plaisirs insatiables que des justes désirs des biens nécessaires.
En réalité, être épicuriens c’est maîtriser ses plaisirs et ses passions. Le maçon s’entraine à se satisfaire du nécessaire, ce qui ne l’empêche pas d’avoir la joie au cœur. Il apprécie plus les agapes frugales partagées avec ses sœurs et ses frères qu’un festin englouti en solitaire.
L’épicurisme serait en quelque sorte une sagesse du plaisir, un désir du juste ce qu’il faut.
Ainsi quand Épicure écrit à Ménécée, il évoque trois désirs : ceux qui sont naturels et nécessaires, ceux qui sont naturels et non nécessaires et enfin, ceux qui ne sont ni naturels ni nécessaires. C’est surtout de ces derniers qu’il faut se défier, ils flattent notre ego, ils sont la recherche de la gloire et de la fortune, qui jamais ne pourront nous apporter la joie et le bonheur du partage. Les Sœurs et les Frères reconnaissent leurs semblables non pas à leur fortune ou leur statut social, mais à leur être à ce qu’ils sont véritablement. Nous savons intuitivement que les désirs insatiables ne nous apporteront pas le bonheur. En clair, il faut désirer ce qui est possible pour ne pas souffrir d’un manque perpétuel, avoir la sagesse de désirer ce qui est à notre portée, ne pas non plus accepter des tâches au-dessus de nos possibilités.
« Du pain et de l’eau, si on les prend dans le manque, donnent le plaisir le plus haut. »Épicure Lettre à Ménécée.
Jean-François Guerry.
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SAGESSE ANTIQUE POUR MIEUX VIVRE -PART-XIV-
« Les choses nécessaires coûtent peu, les choses superflues coûtent cher. »
Diogène de Sinope.
Mieux vivre, vivre en homme éclairé, ce fut sans doute la quête de Diogène de Sinope avec sa lanterne symbolique. Il vécut entre 413 et 327 av. J-C.
Il poussa sa recherche de la Lumière jusqu’à la provocation, jusqu’au cynisme dont il reste la figure emblématique.
« Je cherche un homme ». Criait dans les rues d’Athènes, le plus célèbre des S D F. Il cherchait un homme vrai, capable de se libérer de ses désirs illusoires, un homme à ce point courageux qu’il oserait vivre dans le plus grand dénuement.
La vie de Diogène est marquée par son extériorité même si elle est fleurie par de nombreuses anecdotes celles-ci ne reflètent pas toujours l’excellence de son intériorité, son extériorité n’est pas toujours vérité. La Franc-maçonnerie nous enseigne l’amour de l’homme en général, qu’il soit pauvre ou riche pourvu qu’il soit vertueux.
Diogène ne fut pas un parangon des bonnes mœurs, asocial, manquant de respect pour lui-même et ses semblables, aimant plus les bêtes que les hommes. La vie simple et humble n’oblige pas à renier la société. L’on peut néanmoins retenir quelques valeurs défendues par ce S D F. D’abord sa franchise ce que les grecs nommaient la parrhèsia : il ne craignit pas de demander à Alexandre « Ôte-toi de mon soleil ! » ou encore à propos des orateurs : « Les orateurs parlent sur ce qui est juste, et ne s’embarrassent pas d’observer la justice. » Pour ma part la contribution de Diogène à la recherche de la vérité et de la lumière réside surtout dans sa vision de la philosophie qui est en premier la transformation de l’existence, la métamorphose de l’être, sa conversion au bien par la pratique de l’humilité. Il croyait en l’homme, il vécu parait-il jusqu’à l’âge vénérable de 86 ans, sans désespérer « L’espérance est la dernière chose qui meurt dans l’homme. »
Jean-François Guerry.
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an-François Guerry – Académie Maçonnique Provence-Éditions Ubik, Coll. l’intégrale, 2021, 154 pages, 15 €
Présentation de l’éditeur :
Les hommes cherchent à découvrir leur être intérieur. Ils recherchent la connaissance par un retour à l’essence de leur soi. Construire leur temple intérieur pour participer à la construction du monde qui les entoure, trouver leur juste place. Comment y parvenir ? La philosophie antique était theoria et praxis, elle était alors de vivre. La Franc-maçonnerie est aussi un art parfois qualifié de royal, un art qui impose de Savoir, Comprendre et Agir. L’observation de la pratique maçonnique démontre que les travaux maçonniques sont de véritables Exercices spirituels. On peut vivre sans la philosophie, comme l’on peut vivre sans la Franc-maçonnerie, mais moins bien.
Biographie de l’auteur :
Sur le plan profane : né en 1947 à Vanves, Jean-François Guerry suivra ses études à Paris puis en Bretagne pour s’orienter vers des études supérieures en Agriculture. Technicien de l’alimentation animale puis commercial dans l’industrie pharmaceutique, il créera ensuite une société immobilière spécialisée dans les transactions pharmaceutiques, société qu’il dirigera jusqu’à sa retraite
Sur le plan maçonnique : initié au Rite Écossais Ancien et Accepté (REAA) en 1987 au sein de la GLNF, il occupera tous les Offices y compris celui de Vénérable Maître participant activement à la fondation de plusieurs Respectables Loges. Grand Officier de la Grande Loge Provinciale de Bretagne pendant plusieurs années, il en a été Assistant Grand Maître Provincial et président de la S.A Immobilière de Bretagne GLNF.
Initié en 1996 au 4e degré du Suprême Conseil pour la France, il a, en 2008, intégré la Grande Loge de France ainsi que le Suprême Conseil de France. 30e degré, il est actuellement Président d’un Souverain Chapitre du 18e degré.
Il crée en 2015 le blog « La Franc-maçonnerie au cœur, Un blog d’information, de conversations sur le thème de la Franc Maçonnerie, des textes en rapport avec la Franc Maçonnerie, comptes rendus et conseils de lectures » qu’il anime quotidiennement http://www.lafrancmaconnerieaucoeur.com/
[NDLR : nous avions annoncé ici-même https://bit.ly/3mU5Fbk la conférence donnée par Jean-François Guerry sur les « Exercices spirituels antiques et Franc-Maçonnerie » le samedi 25 septembre 2021 au Château Saint Antoine dans le cadre des VIes Rencontres de l’Académie Maçonnique Provence. Un ouvrage préfacé par Charles-Bernard Jameux, ancien Grand Chancelier de la Grande Loge de France dont l’exorde nous propose une façon de philosopher et de maçonner. Car, en philosophie comme en Maçonnerie, nous y trouvons plaisir et joie de penser par soi-même. Et le Maçon a aussi, comme le philosophe, le devoir de s’interroger sur tout, à commencer sur lui-même…
Puis l’auteur nous conduit à travers la philosophie antique et ses exercices spirituels, comme une source de la méthode maçonnique. Il convoque Pythagore, Socrate, Platon, Aristote, architecte de la Sagesse, Cicéron, citoyen romain, Marc Aurèle et Plotin. À noter, l’annexe comprend l’esquisse d’une fresque historique et chronologique ainsi que le descriptif du célèbre tableau de Raphaël L’École d’Athènes]
Groupe de Recherche Alpina
sous les auspices de la Grande Loge Suisse Alpina fondé en 1985 « Rechercher, partager et publier avec curiosité, ouverture et qualité »
Lu pour vous : Les recensions du GRA
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Exercices spirituels antiques et franc-maçonnerie |
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Jean-François Guerry, préface de Charles-Bernard Jameux Académie maçonnique -Provence Ubik-editions.com, 2021, 253 pages, en vente sur Comptoirdu livre.fm ISBN 97-2-91-965645-5, prix 15 € |
Nul doute que la franc-maçonnerie, continentale, particulièrement, dispose d’un contenu se référant à la philosophie de l’Antiquité.
Mais en quoi celle-ci, diverse dans ses approches, est-elle présente au sein de celle-là ? Comment le Frère ou la Sœur peuvent-ils, en approfondissant ce riche legs, l’intégrer dans sa démarche initiatique ? Et ceci dans le sens d’une quête sans celle renouvelée d’une Sagesse non pas théorique, mais d'une praxis se répercutant dans la vie de tous les jours ? En évitant de tomber dans une rhétorique oiseuse ou la recherche exclusive d’un discours bien fait, stérile, dérive dans laquelle est tombée la philosophie moderne, et que relève Pierre Hadot, largement cité dans l’ouvrage.
Raison vraisemblable pour laquelle l’auteur a choisi de se
référer au terme « exercices spirituels » dans le titre de son
ouvrage, et l’auteur d’affirmer « Faire des exercices spirituels, c’est donc d’abord s’éveiller, éveiller son être intérieur ». Et de citer Wittgenstein : « La philosophie n’est pas une doctrine, mais une activité » (p. 35). Elle doit cependant, comme l’affirme Montaigne, être d’abord sage avec elle- même, c’est-à-dire exercée avec modération. Y-a-t-il un parallèle avec le dit de Pascal : « Qui veut faire l’ange fait la bête » ? Peut-être...
Examinons le contenu de l’ouvrage de plus près. Chez les Présocratiques, l’auteur s’attache à mettre en parallèle, certains vers dorés attribués à Pythagore avec l’approche maçonnique. Il en fait de même avec les corpus socratiques et platoniciens. Pour ces premiers, l’auteur cite Pierre
Hadot : « Socrate n’a pas de système à enseigner ; sa philosophie est tout entière, exercice spirituel, nouveau mode de vie, réflexion active, conscience vivante (p. 92) ». Un parallèle évident avec l’engagement maçonnique. Pour ce qui est d’Aristote, Guerry relève un trait qui est commun, la lutte contre l’ignorance.
Mais, sans surprise, une partie importante de l’ouvrage est consacrée à trois philosophes romains, Cicéron, dont il relève la pensée en mouvement, voire l’éclectisme, un rapprochement supplémentaire avec la franc-maçonnerie, Sénèque, un philosophe de la liberté, à laquelle aspire tout membre de l’ordre, ainsi que, bien entendu, Marc-Aurèle et son adhérence au stoïcisme. Pour ce dernier, l’auteur affirme : « Pratiquer les exercices spirituels stoïciens, c’est préparer son âme pour en faire un temple à la vertu (p. 165). ». Mais quels sont-ils ? Le premier est de se concentrer sur ce qui dépend de nous, de ce nous pouvons améliorer, modifier. Un autre a trait à la perfection personnelle, qui ne doit pas aboutir à un gonflement de son ego (on retrouve la modération du philosophe dans l’exercice de la Sagesse) : « Garde avant tout l’exercice de ta famille, de tes parents, vis comme un homme de bonnes mœurs ». Si l’auteur suit la pensée de Pierre Hadot concernant son analyse de la philosophie de l’empereur, il n’hésite cependant pas à la mettre en parallèle avec la critique que lui a adressée Pierre Vesperini dans « Droiture et mélancolie : Sur les écrits de Marc Aurèle » (éditions Verdier, 2016) en voyant dans ces exercices, non des spirituels, mais des existentiels. Le débat est donc loin d’être, pour ce dernier, clos. Et l’auteur de conclure sur un dit de Henry David Thoreau : « Être philosophe, c’est résoudre quelques-uns des problèmes de la vie, non seulement en théorie, mais aussi en pratique ».
L’ouvrage est réservé à mon sens à des membres de l’Ordre qui ont déjà une bonne connaissance du contenu de la franc-maçonnerie. Il se lira, comme l’action du philosophe, avec modération, et en prenant le temps de s’imprégner de son contenu... et d’y revenir plusieurs fois.
MJ
Sélection littéraire
Publié le 16 Décembre 2021
Exercices spirituels antiques et Franc-maçonnerie
De Jean-François Guerry
Éditions Ubik