Un blog d'information, de conversations sur le thème de la Franc Maçonnerie, des textes en rapport avec la Franc Maçonnerie, comptes rendus et conseils de lectures.
L’ÉSOTÉRISME : Toutes les clefs pour comprendre. Jean-Marc Font.
Pour voir clairement ce qui est caché, l’auteur Jean-Marc Font polytechnicien au riche parcours initiatique nous propose ce voyage, une gageure réussie ! Il nous conduit d’un pas assuré dans les voies mystérieuses d’Orient et d’Occident, au fil des mots qui sont aussi des symboles et des portes d’entrée dans les mystères. L’ambition est de faire voir, de dévoiler partiellement pour encourager chacun à lever un peu plus le voile suivant son désir de connaissance. Comprendre pour tirer profit, s’enrichir de l’immatériel. Les chercheurs de lumières, comme ceux qui cherchent la Lumière trouverons sans nul doute dans ces pages claires et éclairées des sources de réflexion.
Non sans humour Patrick Lelong signe la préface séduit par le livre et les connaissances de l’auteur, il nous rappelle la citation de Clémenceau qui est ici pris en défaut : « Le polytechnicien sait tout mais rien d’autre. » Il s’agit ici du rien d’autre.
Vous trouverez dans ce livre les clefs à mettre dans les serrures qui vous restait jusqu’alors fermées. C’est un voyage mystérieux qui à mon sens ne révèle pas subitement, mais se dévoile peu à peu. Comme une route sombre et sinueuse à son commencement qui devient, quand on l’emprunte de plus en plus claire et praticable.
La main organe du toucher qui tourne les pages, est la porte qui s’ouvre vers la connaissance, elle ne tremble pas parce qu’elle est guidée par la vision de l’œil du cœur.
C’est bien toucher et voir que nous propose l’auteur Jean-Marc Font comme un clin d’œil à son éditeur peut-être, en ouvrant le compas de notre œil central celui de notre être intérieur.
Patrick Lelong toujours dans sa préface écrit à propos des clefs : « 8 mouvements, 8 intensités du trait… » et dans l’avant-dernier paragraphe de sa préface nous pouvons lire : « Ainsi s’exprime ce que nous discernons peu à peu ou immédiatement du silence dans le mouvement avec l’immersion dans la verticalité, l’horizontalité, le haut et le bas, la profondeur, la surface et son flottement, la légèreté dans le hauteur et la simplicité comme une évidence des sens qui nous offre le Un dans le Tout et le Tout dans l’Un. »
L’auteur a structuré son ouvrage en trois parties, la première partie Ésotérisme ou Ésotérismes comprend deux chapitres : objet d’études et voie de développement. La deuxième partie Brève histoire de l’ésotérisme avec trois chapitres : Préhistoire et Antiquité ; genèse de l’ésotérisme. L’Occident chrétien : essor de l’ésotérisme. L’époque contemporaine : l’ésotérisme ouvert. La troisième partie l’ésotérisme en pratique avec trois chapitres : les voies de la connaissance. Les pratiques fondamentales. Les voies de l’action, l’ensemble formant une somme complète et cohérente nous faisant passer successivement du Savoir, à la Compréhension, puis à l’Action puisque les voies ont été tracées, l’ensemble nous mène à l’Amour de la nature, des dieux et des hommes.
J’ai particulièrement apprécié le chapitre Les voies de l’action de la troisième partie, qui se décline en deux paragraphes l’un sur Le symbolisme et l’autre sur la Mise en action du symbolisme. L’auteur démontre ainsi pour ceux qui en doutent que les travaux qui concernent le symbolisme ne sont pas des travaux éthérés ou intellectuels, mais des leviers pour l’action dans le monde, ici et maintenant. De plus ce chapitre bien illustré par des figures symboliques, des tracés universels dont la puissance est inspirante pour le chercheur en quête de vérité.
En fin d’ouvrage vous pourrez constater l’impressionnante bibliographie qui témoigne du travail et de la culture de l’auteur. Enfin la beauté clôture l’ouvrage avec des illustrations inspirantes de Mauve qui ouvrent le cœur et l’esprit.
On ressort de la lecture de ce livre avec des idées claires sur un domaine par nature caché. Ceux qui cherchent des lumières, ceux qui ont demandés la Lumière, et tous ceux qui ressentent au fond de leur cœur un manque dans leur vie, trouveront dans ce livre des portes d’entrée et des clefs pour les ouvrir. L’auteur possède le talent d’exprimer des choses complexes d’une manière simple, sans pour autant tomber dans l’écueil d’une vulgarisation réductrice. L’ambition est réussie donner toutes les clefs pour comprendre l’ésotérisme.
Jean-François Guerry.
À LIRE : Jean-Marc Font – L’ésotérisme : toutes les clefs pour comprendre. 180 Pages Illustrées 22€. Éditions Le Compas dans l’œil collection la Parole Circule.
Jean-Marc Font : polytechnicien, au riche parcours initiatique vous invite à découvrir, comprendre et à vous initier aux voies parallèles et mystérieuses d’Orient et d’Occident d’hier et d’aujourd’hui, développées en marge des religions établies.
De l’histoire aux pratiques, de la connaissance aux rituels, l’ésotérisme sous ses diverses formes que sont la Gnose, la Magie, l’Hermétisme et l’Occultisme n’aura plus ou presque plus de secrets pour vous. Rituels, égrégores, visualisations, méditations… avec les clefs pour comprendre, toutes les serrures s’ouvrent !
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Ce thème sur le monde minéral qui traverse le parcours initiatique et alchimique du Rite Écossais Ancien Accepté, fait surgir l'importance de la pierre brute, taillée, polie, burinée, travaillée, et sur sa quintessence, du Cabinet de réflexion au nec plus ultra de l'initiation.
Une incitation à penser ou repenser notre parcours sur ce chemin parsemé de pierres et de métaux. De notre rencontre avec le mythe de l'architecte légendaire qualifié de Maître dans l'art des métaux.
Dans cette riche réflexion, l'on devine la qualité de scientifique de l'auteur.
Le jeune initié comme tous ceux qui sont plus instruits dans l'art Royal découvrirons l'importance souvent mal estimée ou occultée du monde minéral.
Bonne lecture.
Jean-François Guerry.
Du règne minéral
La science a coutume de définir l’organisme vivant à partir d’un critère simple : la
capacité à se reproduire, et donc à se rendre pérenne par la descendance. C’est pourquoi
la limite inférieure que ladite science fixe à ce statut de vivant est celui de la bactérie,
organisme monocellulaire apte par lui-même à subsister et se perpétuer. C’est également
pourquoi le virus, qui a besoin de la cellule infectée pour se reproduire, n’est pas classé
dans la biologie au sens propre, c’est-à-dire la science du vivant. La postérité, qui
découle de la vie organique, est un incontournable de l’existence, mais peut donner lieu,
du fait d’un individualisme fort compréhensible, à une prise en compte exagérée du
présent, qui ferait la part belle à la créature plutôt qu’au « créateur », au diktat de la
contemporanéité plutôt qu’au doux souvenir d’un passé fondateur. Tout ceci au
détriment d’un lignage, d’une généalogie certes moins prégnants au quotidien que
l’immédiateté d’une démarche ou d’une opinion. Cette attitude est tout à fait acceptable,
simplement faut-il en tenir compte et évaluer, pour un initié, par quel biais nous
pourrions aussi mettre en place un environnement dans lequel la vie, habitée par 3
règnes, végétal, animal et humain, laisserait parfois parler son origine, son induction
divine. Cet endroit privilégié pourrait peut-être, par défaut, être le monde minéral : nous
allons nous en expliquer. Relisons l’origine de la vie du point de vue biblique.
La Genèse nous dit :
06 Et Dieu dit : « Qu’il y ait un firmament au milieu des eaux, et qu’il sépare les eaux.
07 Dieu fit le firmament, il sépara les eaux qui sont au-dessous et les eaux qui sont au-
dessus. Et ce fut ainsi.08 Dieu appela le firmament « ciel ». Il y eut un soir, il y eut un
matin : deuxième jour.09 Et Dieu dit : « Les eaux qui sont au-dessous du ciel, qu’elles
se rassemblent en un seul lieu, et que paraisse la terre ferme. Et ce fut ainsi ».
Ces quelques versets précèdent l’apparition génésiaque des végétaux, des animaux et
des humains. Le règne minéral n’est pas à proprement parler présent dans la Genèse,
tout au plus nous apporte-t-elle symboliquement une nuance avec les eaux du 6ème
verset et suivants, qui apparaissent comme une sorte de potentialité scindée, c’est-à-dire
identifiée, par le firmament en « eaux au-dessous du ciel » et en « terre ferme ». Ces 2
occurrences issues des eaux primordiales sont trop floues pour pouvoir s’affirmer
porteuses d’une désignation minérale précise. Ce seront en fait les humains, alchimistes,
francs-maçons et autres initiés qui mettront en évidence, a posteriori, le règne minéral à
une place qui est la sienne, ambigüe s’il en est, et qui manifeste tout ce que la vie n’anime
pas directement. Cette « confession par défaut » rejoint le principe de ce que l’on appelle
la théologie négative. Cette dernière fonctionne à la façon du levier, qui peut soulever
des montagnes en prenant un appui générant une force négative, bien plus importante
qu’une force qui serait directement rattachée à notre force positive. D’après Charles
Wackenheim. « La théologie négative (ou apophatique) met en évidence l'inadéquation
foncière de nos représentations et de nos énoncés par rapport à la mystérieuse altérité de
Dieu ». Le règne minéral fait partie de cette inadéquation supposée qui nous permettra
de confronter cette « mystérieuse altérité de Dieu » au vécu ordinaire. La théologie
négative est appelée aussi apophatique : ce mot dérive étymologiquement du grec
Apophatis, qui signifie à la fois déclaration et négation : ces 2 phases correspondent
symboliquement aux 2 forces qui régissent l’action du levier : la poussée « déclarative ,
ostensible » symbolisant la vie organique et s’identifiant à la force descendante exercée
sur le levier, et la force « négative », « en retour », symbolisant tout ce qui est inanimé,
répondant à ce que Wackenheim appela la « stratégie de l’écart ». Cette stratégie fut
transposée chez Freud, qui voit l’homme comme nécessairement névrosé, par l’écart qui
peut exister en lui entre foi et concept, entre langage discursif et langage symbolique,
entre parole et silence, entre expérience subjective et fait objectif. Et donc écart ici entre
ce que la science considère comme vivant, et ce à quoi elle se réfère concernant le monde
minéral et son caractère passif, statique et inertiel qui peut apparaître en négation de
l’ostensibilité de la vie.
Cette stratégie de l’écart permet de préciser, d’amplifier, générer, et d’individuer un
monde ou un principe, tel le règne minéral, en se contentant de modifier tout ce qui
l’entoure. Ainsi que reste-t-il du monde une fois écartés les 3 règnes végétal, animal et
humain ? Le règne minéral. Á cet égard, le monde minéral occupe toujours une place
particulière dans les processus initiatiques. Fondamentalement, déclaration et négation
déjà évoquées plus tôt permettent d’induire des raisonnements puissants, qui nous
permettent d’aller au-delà de la simple évidence physique, et d’envisager une réalité qui
sera d’autant plus puissante qu’on ne se sera interdit aucune possibilité. La prise en
compte du minéral est de ce tonneau, et devient, sans pour autant dominer le monde,
incontournable lorsqu’on se penche sur les liens de l’Homme avec la Nature, c’est-à-
dire sur l’art initiatique.
La franc-maçonnerie, par exemple, est basée d’abord et avant tout sur une construction
intérieure, mimétique à celle d’un édifice. Les outils symboliques en sont les supplétifs,
le matériau étant intuitivement perçu comme essentiellement minéral : la pierre, brute
ou cubique, symbole de potentialité et de progressivité humaine, mais aussi le goudron,
qui assurera, dans l’Ancien Testament, l’étanchéité de l’Arche de Noé, ou la glaise, d’où
provient Adam, et qui participa à la construction de la Tour d’Achizar, au 10ème degré
du REAA, et de la tour de Babel dans la Genèse. Le fait d’incorporer dans le vivant le
règne minéral s’entend philosophiquement si l’on considère que tout ce qui est
immanent à notre existence est fait du même bois que nous-mêmes. Or le règne minéral
est bien présent devant nos yeux, au même titre qu’un végétal, un animal ou un autre
humain, justifiant sa place dans la Nature. Je ne dis pas que le minéral peut être placé à
égalité avec les 3 autres règnes, mais simplement qu’un travail symbolique accompli se
doit d’intégrer, au niveau qui est le sien, ledit minéral.
En affirmant cette occurrence, je ne me pose pas en ésotériste fumeux, mais en utilisateur
rationnel de tout ce qui est mis à ma disposition en tant que cherchant. L’alchimie
reprend d’ailleurs cette conception minérale au travers des métaux, travaillés depuis le
plomb jusqu’à l’or, introduisant ici subtilement l’idée d’une maturation de l’initié,
illustrée par une échelle de valeurs depuis le plus vil (le plomb) vers le plus noble (l’or).
En fait, c’est moins ici l’aspect moral qui entre en jeu, que la maturation progressive de
l’initié dont l’état primaire est porté symboliquement par le plomb, et l’état final, celui
de maturité totale et de sagesse, porté symboliquement par l’or. L’alchimie, procède
même d’une subtilité supplémentaire , dont l’occurrence est bien illustrée par ces 2 voies
concomitantes que sont ésotérisme et exotérisme : l’exotérisme alchimique correspond
bien à cette vision simpliste qui satisfait le vulgus , là où l’initié plus abouti aura bien
compris que le plomb, par exemple, n’est pas que lourdeur et archaïsme , mais symbole
également d’une potentialité, d’une omniscience et d’une omnipotence toute entières
contenues dans ce métal gris et mat, là où l’or brille de mille feux , ne symbolisant
qu’une fraction infime du terreau fondateur.
Autre métaphore minérale, la Pierre Philosophale, qui représente en alchimie la
quintessence de ce que l’initié peut devenir, porte cet avantage sémantique de conserver
dans son acception tout ce qui fait sa substance, à savoir le substantif « pierre ». Seule
l’épithète associée témoignera de son évolution : de brute à équarrie, d’équarrie à
cubique, de cubique à philosophale. La force de cette épithète, « philosophale », sera
d’abord qu’elle s’apparentera, sans s’y fondre, à la philosophie, qui demeure l’exercice
d’une matière, là où le statut « philosophal » traduit plutôt un état acquis, une
conformation qui modèle, tout en l’accompagnant, ladite pierre. On ne parlera jamais,
par exemple, car ça serait un contre-sens, d’or philosophal, qui nous amènerait alors à
une forme de redondance, de pléonasme stérile. Si l’alchimie considéra le règne minéral
comme opératif, c’est avant tout parce que l’alchimiste avait la conviction, au moins
inconsciente, que ses expériences redondantes furent le siège d’une mise en abyme
d’interactions entre sa psyché et la réalité expérimentale, nécessitant un milieu
particulier, isolé des évènements du quotidien.
La notion de minéral sous-entend intuitivement, dans l’imaginaire collectif, celle d’un
immobilisme, d’une forme de statisme fort à propos lorsqu’il s’agira, pour le préserver,
d’isoler un mouvement de la vie : par exemple la cornue de verre, ou le creuset de terre
cuite de l’alchimiste protégeait la réaction chimique en son sein. L’espace sacré est aussi
une façon inertielle de préserver la tenue maçonnique, par le dépôt des métaux
maçonniques avant l’ouverture des travaux, et leur récupération une fois la tenue
terminée. On peut concevoir moralement ce dépôt en y voyant une manière de se
débarrasser momentanément de nos passions tristes et de notre concupiscence, obstacles
métaphysiques à une réflexion intime. Mais on peut aussi considérer ce dépôt collectif
comme une gangue protégeant paradoxalement nos débats les plus intimes. Transposé à
l’alchimie, l’Athanor répondait à ce besoin de séparation, d’isolation, laissant libre cours
et protégeant la réaction alchimique de la pollution extérieure, que cette pollution soit
projective (conditionnée par la psyché de l’expérimentateur) ou ambiante (conditionnée
par les éléments tangibles du milieu). Les alchimistes considéraient, ou en tout cas
promouvaient le fait que le minéral était bien vivant, mais avec un temps d’expression
si long que nous, pauvres humains, ne pouvions en saisir les subtilités de la
manifestation. Cette approche intuitive du minéral par l’alchimiste peut paraître quelque
peu saugrenue, il n’en demeure pas moins qu’elle est relayée dans la « vraie vie » par
un postulat qui allie légende biblique et corroboration physicochimique, au travers de
ce que l’on appelle en physique des matériaux le « nombre de Deborah ». Le nombre de
Deborah est une valeur de mesure utilisée pour caractériser la fluidité d'un matériau.
Certains matériaux amorphes apparemment rigides comme le goudron, certains
polymères ou certains verres s'écoulent si on les observe sur une longue durée ou à une
température assez élevée. Cet écoulement est bien sûr imperceptible en temps réel, mais
est bien documenté par la science. Cette dénomination fait référence, dans le Livre des
Juges 5 :5, à un chant de la prophétesse Deborah, seule femme parmi les douze juges
d’Israël, qui nous dit : « Les montagnes coulèrent devant le Seigneur ». On trouve une
mention semblable dans le Livre de Michée 1 :4, ou encore dans le Psaume 97 :5 : « Les
montagnes se fondent comme la cire devant… ».
Formellement, le nombre de Deborah est défini comme le rapport entre le temps de
relaxation, caractérisant la fluidité intrinsèque d'un matériau, et l'échelle de temps
caractéristique d'une expérience testant la réponse du matériau. Plus le nombre de
Deborah est petit, plus le matériau apparaît fluide. Je ne prétends pas, bien entendu,
assimiler le minéral à un élément vivant, mais simplement noter l’aspect relativiste que
peut prendre la vie quand on la réduit au simple entendement de l’esprit humain. Et
combien la réalité peut changer lorsqu’on lui applique des paramètres ou des
circonstances différents. Or l’initiatique, et donc la franc-maçonnerie, sont justement là
pour ne rien s’interdire, en gardant toutefois en permanence une cohérence qui nous
préserve des cogitations fumeuses ou déviantes. Alors si la minéralité soutient, précède
ou accompagne l’initié, c’est aussi qu’elle est ontologiquement partie prenante de la vie
du maçon. Factuellement, l’être humain a besoin, dans sa chair, des minéraux pour
transmettre l’influx nerveux, contracter ses muscles ou former la trame structurelle de
son squelette.
D’autres minéraux sont utiles, en tant que tels, dans le soin : l’or est cicatrisant,
antiseptique, et intervient aussi dans le traitement de certaines polyarthrites sévères.
L’argent est cicatrisant, le platine est utilisé en oncologie, etc… Au 25ème degré du
R.E.A.A., l’usage concomitant de l’étain et du cuivre au sein de l’alliage airain
transparaîtra dans la constitution du serpent d’Airain, qui comporte 3 Minéraux, l’étain
et le cuivre, plastiques et malléables, et leur combinaison en un alliage particulièrement
résistant, l’Airain. Il est d’ailleurs dit dans le rituel du 25ème degré, que le Chevalier du
Serpent d’Airain est « l’homme en bonne santé », bonne santé qu’il faut entendre là sur
le plan métaphysique. L’alliage métallique renvoie symboliquement à l’alliance des
hommes, qui se veut un mélange de circonstance, face à un intérêt ou à un péril commun.
L’étain, plastique, malléable, source de liant, symbolise la mémoire et la cohésion.
L’étain forme une trame qui soude les idées et les hommes, et mêle sa substance à ce
qu’il faut unir, il en constitue le pont. Le cuivre est lui symbole de conductivité, de
transmission, et en même temps c’est un métal tendre, susceptible d’être gravé, et régi
par Vénus, symbole d’une potentialité de type féminin, symbole de la réserve gestative,
faisant appel à la douceur et à la profondeur. Assembler ces métaux fusible et conducteur
amène symboliquement à fondre le lien et la transmission en une forme de pugnacité et
de solidité particulières. L’airain va faire des 2 métaux précités qui, pris isolément,
symbolisent la fragilité morale comme physique de l’être humain, et qui semblent donc
bien mal armés face à la vie, un mariage symbole de résistance, de robustesse,
d’invincibilité. L’alliage de ces 2 métaux symbolise donc l’orthodoxie couplée au
renouvellement permanent. Et nous voyons bien là en quoi le minéral peut expliciter de
la façon la plus pure les affres et les bonheurs de l’humain. Le règne minéral se manifeste
essentiellement lorsqu’il s’agira, du 1er au 16ème degré, d’utiliser la substitution comme
méthode initiatique : en effet, nous avons déjà dit que l’humain ne peut pas se référer
directement à la déité, tant que cette déité ne s’est pas encore incarnée en nous et
demeure donc transcendante. La substitution est la seule façon de cultiver l’analogie
entre initié et monde minéral, la simple confrontation étant impossible : trop de choses
opposent minéral et humain, et c’est heureux : par exemple, le minéral est dur, il ne s’en
laisse pas facilement compté, et l’humain apparaît d’une certaine façon bien fragile face
à l’acutesse d’un silex, à la rugosité d’une pierre, ou même à la beauté d’une gemme.
Les mondes humain et minéral sont définitivement incompatibles : c’est ce qui fait leur
force respective, et l’avantage de ne pas induire l’un pour l’autre des compromissions
qui toujours affaiblissent ceux qui en sont porteurs. Les choses changeront partiellement
au 18ème degré, où le fait de ressentir dans sa chair la déité rendra moins prégnant
l’usage d’un intermédiaire minéral. La pratique analogique de la construction de soi-
même vis-à-vis de celle, habituelle, d’un édifice tel que le Temple de Salomon permettra
le recul nécessaire. En mimétisant notre construction intime sur celle d’un édifice fait
de glaise, de pierre ou de ciment permettra d’installer un garde-fou bien tangible et
différencié grâce auquel l’humain pourra générer une démarche parallèle et originale,
sans le risque d’une confusion possible. C’est tout le sens de la balustrade du 4 ème
degré.
Imaginez que l’on réfère notre construction intime à celle d’un autre individu : il en
ressortirait des risques possibles d’assimilation, d’amalgame à ce dernier, avec ce qui
relèverait alors de la subjectivité, de la relativité, aboutissant au pire au culte de la
personnalité et à une possible sectarisation. Ce sera tout le sens, cette fois, de l’idolâtrie,
telle qu’elle est définie au 4ème degré du R.E.A.A. Ici, le minéral pallie à ce risque, au
moins jusqu’au 16ème degré inclus, c’est pourquoi, jusqu’à ce degré, la construction est
mimétisée à celle du Temple matériel de Salomon. Le minéral est donc le biais, pour un
initié, à utiliser pour assimiler notre expérience à celle de la nature : nous aurons ensuite
toute latitude à voir en notre temple intérieur celui de l’incarnation de l’esprit : ce sera
le cas au grade de Chevalier Rose +Croix, à partir du 18ème degré, et plus tard celui de
la somme des relations tissées avec notre environnement : ce sera là le grade de
Commandeur, à partir du 27ème degré .Le règne minéral va aussi apparaître par touches
plus ou moins visibles dans le cursus initiatique maçonnique assurant des fonctions
subsidiaires mais incontournables, préparant toujours l’initié à progresser, en lui créant
un cadre particulier propice à des avancées initiatiques majeures : par exemple la Mer
d’Airain, cathartique et lustrale au 14ème degré . Cette eau lustrale est le produit des 4
éléments, c'est-à-dire une exposition pleine et entière à ce que renvoie notre propre
nature. Cette transition symbolique depuis le mur d’airain, évoqué au 8ème degré vers
la Mer d’Airain est l’illustration de ce qu’est la progression maçonnique, qui veut qu’on
ne possède vraiment un degré que lorsqu’on l’a dépassé : d’obstacle transitoire, témoin
un temps d’une carence à combler, l’airain deviendra quelques degrés plus tard quelque
chose qui s’offrira au récipiendaire. Le règne minéral est donc là pour initier à bas bruit
le maçon jusqu’au sans pour autant être invasif, d’où le choix de la substitution. Au
15ème degré, l’eau du Starbuzanaï , par essence minérale, se charge de débris humains,
manifestant ce passage mêlé du minéral à l’organique, et donc d’une « Liberté De Passer
» qui est l’aptitude que présente tout Chevalier d’Orient et de l’Épée à être capable de
dépasser les blocages que suscite inévitablement tout élan : Les couleurs vert d’eau et
rouge sang symbolisent ce double sentiment, celui de l’eau vive , minérale qui nettoie,
qui lave, qui draine les plaies rougeâtres et organiques de la bataille.
La liberté de passer concerne symboliquement le passage du minéral à l’organique, de
la substitution à la future incarnation, de la loge de perfection au Souverain Chapitre.
C’est un changement radical. Non pas que le minéral devient d’un seul coup obsolète,
au contraire : il ouvre la voie à une nouvelle conformation qui s’ajoute à la précédente,
appelant alors de nouvelles valeurs, telles la charité, l’amour ou la foi, valeurs viscérales,
incarnées, immanentes reflétant l’esprit du Nouveau Testament. Plus tard, au 21ème
degré, les cendres de Phaleg et les fragments de pierre et de marbre enfouis nourriront
au 22ème degré par leur minéralité les cèdres du Liban, symboles vivants d’une
continuation spirituelle par cette matière infiniment renouvelable dont seront faites les
« saintes entreprises », c’est-à-dire les arches et les temples. La terre-creuset, mix de
minéral et d’organique, accueillera, assistera, participera et donc rendra possible, au
grade de Chevalier de Royal Hache, ce mariage du bois et de la pierre, en permettant la
pousse des cèdres.
Le cèdre est la continuation de la recherche ésotérique du 21e degré, en ce sens qu’il se
nourrit de cette terre mêlée qui est le fond de l’humanité et des ponts ainsi dressés entre
monde vivant et monde minéral. Résonner sur la matière minérale conduit
symboliquement à creuser dans celle-ci, à en déceler les fragments, tous relatifs à ce que
la vie a pu laisser comme traces. La matière est une mémoire, où s’inscrivent par
l’enfouissement des fragments d’une existence d’antan. Cet enfouissement, tout comme
les strates qui composent notre mémoire, connaît un degré variable, où le plus profond
signe le plus ancien, à la façon dont se comporte la nature. Mais en même temps la
matière se mêle à l’histoire d’un fragment, et c’est cet ensemble qui devient l’Histoire.
En creusant, on s’approche du sol commun, et des multiples édifices qui en signent
l’existence et l’utilité : on retrouve Phaleg à une place enfouie qui est la sienne, à la
façon d’un Hiram Abi jeté dans un puits ou d’un Galaad enseveli sous les ruines du
Temple. Ces édifices minéraux sont des jalons posés à travers l’histoire par des mythes
fondateurs. Narrativement, les différentes trouvailles apparaîtront au fur et à mesure que
l’on creuse : symboliquement, il faut bien avoir à l’esprit qu’ils ne sont que la
matérialisation transitoire d’une vérité plus générale. Ainsi ce qui apparaît comme une
colonne de marbre blanc, massive et homogène, gravée de caractères identifiés, devient
plus bas des fragments de ce même matériau, gravés cette fois de caractères plus anciens.
Les six fragments minéraux enfouis et retrouvés de marbre blanc comportent des
inscriptions « différentes qui n’ont pu toutes être traduites », ce qui signifie qu’elles
témoignent de langues différentes, datant d’un passé encore plus ancien. Les pierres
d’agate, le tombeau, la colonne et les fragments de marbre furent déposés dans les
archives du roi de Prusse : symboliquement, cela signifie que le Noachite établit et dirige
son parcours en ayant en permanence en lui ce que le passé y a logé. Sa vie est en
permanence remémorée, et tous les actes qu’il peut accomplir se mesurent à l’aune de
cette totalité en mouvement. Nous retrouvons aussi l’esprit des « 12 pierres
commémoratives », passées et présentes, évoquées en Josué 4,1-9, qui portèrent
l’empreinte du franchissement du Jourdain par les 12 tribus d’Israël, et qui furent
utilisées pour obstruer le fleuve le temps du passage des hébreux.
Les pierres, au sens large, sont aussi des jalons et des passages, commémoratrices car
posées à travers l’histoire par des mythes fondateurs. Commémoratrices aussi car la
légende de nos grades conditionne, comme dans tout mythe, le fait que tout est présent
dès le départ, et que l’initié s’ouvre à la connaissance de faits qui ne peuvent être
qu’antérieurs, dans la mesure où tout, dans un mythe, est déjà inscrit dans notre
patrimoine mémoriel. La commémoration, dans son sens initiatique, est aussi le
renouvellement induit par chaque initiation, initiation qui étymologiquement nous
renvoie à ce « recommencement perpétuel » que porte chacune de nos cérémonies
maçonniques. La minéralité a cette force symbolique d’être à la fois partie prenante,
mais aussi suffisamment en retrait pour laisser les grandes phases de la vie maçonnique
se dérouler devant elle : la construction aux 1er et 2ème degrés ( outils) la transcendance
au 13ème degré (triangle d’or et agate) la mesure au 12ème degré ( instruments )la
transgression et la formalisation aux 3ème, 9ème et 30ème degrés ( armes, par
destination, couteau , dague ou épée) ; la transmission et la célébration ( chaine d’union,
formé symboliquement d’ « anneaux de pur métal ») .
La substitution ne signifie pas remplacement, mais complémentation, accompagnement,
enjambement ou découverte, L’agate dans laquelle est souché au 13ème degré le triangle
gravé du nom ineffable symbolise dans sa structure visible les errements auxquels
personne n’échappe et dans ses strates colorées et diverses les méandres de l’existence.
L’agate est à cet égard notre mémoire mimétique, une archive inscrite dans la masse de
la roche, à la façon des souvenirs et des attitudes qui nous ont façonnées. L’agate est
aussi la meilleure façon de marquer dans notre chair, par le biais de l’initiatique, nos
aspirations métaphysiques. L’agate est donc là pour « séculariser » le triangle au nom
ineffable, c’est-à-dire formaliser à l’entendement de l’humain l’image du Nom créateur,
non par l’imposition de son image, mais par les circonvolutions de différentes duretés
et de différentes couleurs que révèle sa trame minérale. L’or mêlé aux gemmes trahit ce
télescopage entre des intuitions relatives au principe créateur (l’or), et l’impossibilité de
comprendre pleinement cette occurrence, Ce théâtre neutre qu’impose finalement le
nom ineffable en lien avec le minéral permettra à Guibulum de ne pas se bruler les ailes.
Il ne s’agira pas ici de feux et de nuées, témoins physiques auprès de tout un peuple de
la transcendance éphémère de Dieu, mais d’un réceptacle à la fois suffisamment
explicité, et en même temps distancié de cette corporéité qui nous cache parfois la
finesse de la manifestation du divin. Le nom ineffable transcende ontologiquement tout
effet de la vie, puisqu’il en est la source : c’est pourquoi il ne peut être porté que par un
support neutre, non vivant au sens biologique, qui sera celui du minéral : son épellation,
c’est-à-dire sa mesure, ne peut se faire s’il y a interférence avec la vie organique : d’où
l’usage du minéral.
Au 13ème degré, la rencontre fondamentale entre l’initié-témoin, en l’occurrence
Guibulum et le nom ineffable se doit d’échapper au maximum aux manifestations
objectives de la vie, qui ne seraient ici que des freins, des perturbations brouillant la
source, la cause, à savoir le nom ineffable. : en effet, on imagine mal ce triangle gravé
posé au milieu de la nature, dont il est symbole de transcendance, tout simplement parce
qu’il est le Verbe qui génère ladite nature, et qu’à cet égard il ne peut en aucune façon
s’y trouver mêlé L’environnement purement tellurique et minéral de Guibulum, au
13ème degré du REAA (terre battue, triangle d’or, gemmes et agate) permet d’éviter ce
qu’on appelle en physique quantique la décohérence, c’est-à-dire le moment où
s’entrechoquent 2 réalités incompatibles : ici, celle de la source, du Verbe, de la cause,
et celle de la manifestation, de l’effet, de la nature et de la vie tangible. La décohérence,
pour le nom ineffable, serait de le trouver mêlé à la vie tangible. Or ici le théâtre
complètement minéral évite ce qui pourrait créer des accointances entre ce nom et ce
qu’il régit, perdant alors son caractère de transcendance et d’ineffabilité. Le milieu des
9 arches, froid, obscur et stérile se prête au théâtre purement minéral qui présidera et
préservera la rencontre entre Guibulum et le nom ineffable.
La réalité transcendante ne peut en effet faire saillie que dans un environnement libre
de toute manifestation objective qui en polluerait le message. Cet espace minéral se
rencontre à chaque fois qu’il est donné à un témoin d’être confronté à la transcendance
du divin : je citerai les 2 tables de pierre gravé de la Loi, qui ne sont pas transmis par
Yahvé à Moïse uniquement au sommet d’une montagne, et donc loin du peuple, mais
aussi sur un édifice rocheux, minéral, qui n’inter réagira pas avec cet acte sacré. Je citerai
enfin le don, dans un endroit souterrain comparable à celui de Guibulum, par Hermès à
un témoin nommé Bélinous, thaumaturge grec, du texte hermétique de la Table
d’Emeraude, gravé sur un support minéral, l’Emeraude. Là encore, la puissance
transcendance portée par les mots gravés cette table, ne peut rester vertueuse que dans
un environnement dépourvu de toutes vie ostensible, sans quoi interférait-elle avec cette
dernière. Le minéral est donc, dans l’initiatique, fondamental, car il permet de sous-
tendre, de préparer cette aventure humaine que représente la franc-maçonnerie qui
devra, à terme, incarner le principe créateur. Mais cette incarnation ne pourra se faire ex
nihilo, le sujet que nous sommes doit d’abord être un objet, confronté comme il se doit
aux forces de la nature. Ces forces sont originellement telluriques, et donc
essentiellement minérales comme le subodore le soufre le sel et le mercure du Cabinet
de Réflexion. A cette étape, le minéral est encore assimilé aux métaux, telle que l’entend
la connotation morale attachée à ceux-ci dans le rituel. Cette coloration morale est
fondamentale car l’énergie d’imprégnation du futur apprenti passe avant tout par la
qualification la plus évidente, la plus grossière et la plus immédiate : la morale, souvent
violente et rédhibitoire, et donc chargée d’énormément d’affects, collera bien à cette
fonction guerrière, nécessaire pour un candidat souvent perclus de certitudes.
Nombre de dispositions minérales feront le lit du nouvel initié, le Pavé Mosaïque, le fer
des épées, le miroir mais aussi la craie des sentences inscrites dans le Cabinet de
Réflexion, certains outils ferreux. Tout ceci tranchera avec l’organique de la cire des
bougies, du pain du Cabinet de Réflexion, de la terre battue et surtout des frères qui nous
entoureront. D’autres référents, cosmologiques, se manifesteront : luminaires, voûte
étoilée, perspectives spatiales (Occident, Nadir, Septentrion etc… seront là pour situer
cet amalgame du minéral et de l’organique dans un cadre transcendant.
Thierry Didier.
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Présent sur le Salon le Dimanche 20 octobre pour rencontrer les lecteurs et dédicacer mes livres.
Exercices spirituels antiques et Franc-maçonnerie- Académie Maçonnique de Provence – Éditions Ubik. 253 Pages 16,50 € Auteur Jean-François Guerry. Préface de Charles-Bernard Jameux.
QUATRIÈME DE COUVERTURE.
Les hommes cherchent à découvrir leur être intérieur. Ils recherchent la connaissance par un retour à l’essence de leur soi. Construire leur temple intérieur pour pouvoir participer à la construction du monde qui les entoure, trouver leur juste place.
Comment y parvenir ? La philosophie antique était theoria et praxis, elle était un art de vivre. La Franc-maçonnerie est aussi un art parfois qualifié de royal, un art qui impose de Savoir, Comprendre et Agir. L’observation de la pratique maçonnique démontre que les travaux maçonniques sont de véritables Exercices Spirituels.
On peut vivre sans la philosophie, comme l’on peut vivre sans la Franc-maçonnerie, mais moins bien.
Éditions Ubik et Académie Maçonnique de Provence.
La Fraternité au cœur de la Franc-Maçonnerie- Éditions Le Compas dans l’ŒIL. 238 Pages. 22 €. Auteur Jean-François Guerry. Préface de Claude Collin.
NOTE ÉDITEUR
Le livre sur la fraternité de Jean-François Guerry explore en profondeur le concept de fraternité dans la Franc-maçonnerie, tout en abordant ses racines historiques, philosophiques et religieuses. Jean-François Guerry analyse la fraternité comme un principe universel fondamental, en particulier dans le contexte maçonnique, où elle est au cœur de l’expérience initiatique.
Le livre commence par une exploration de la fraternité dans la Bible, où l'auteur examine des récits tels que celui de Caïn et Abel pour illustrer les défis de la fraternité humaine, soulignant l'importance de la responsabilité fraternelle et du rejet de la violence et de la vengeance. Il établit un lien entre ces récits bibliques et la nécessité d'une fraternité basée sur l'amour et la justice.
Jean-François Guerry étend ensuite son analyse à d'autres traditions religieuses et philosophiques, en passant par l'hindouisme, le bouddhisme, et les enseignements de philosophes grecs comme Pythagore, Socrate, Platon et Aristote. Il met en avant la manière dont ces traditions et philosophies ont contribué à la formation d'une fraternité universelle, insistant sur le fait que cette fraternité transcende les différences culturelles, religieuses et philosophiques.
Dans le contexte de la Franc-maçonnerie, Jean-François Guerry considère la fraternité non seulement comme une valeur mais aussi comme un devoir. Il critique les divisions internes au sein de la Franc-maçonnerie moderne, qu’il voit comme un échec à vivre pleinement l’idéal de fraternité, et appelle à une fraternité maçonnique authentique et universelle, libre de tout dogmatisme et ambition personnelle.
L'ouvrage conclut que la fraternité, bien qu’elle soit une épreuve exigeante, est essentielle pour l’épanouissement humain et maçonnique. La Franc-maçonnerie est vue comme un espace où cette fraternité peut être cultivée et mise en pratique, contribuant ainsi à éclairer le monde. Le livre est un appel à "oser la Fraternité", à agir pour préserver et promouvoir ce lien sacré dans un monde souvent en proie à la division et à la violence.
En résumé, l'ouvrage de Jean-François Guerry est une exploration approfondie de la fraternité à travers les âges, avec un accent particulier sur son importance dans la pratique maçonnique, et un appel à une fraternité universelle et inclusive.
L’intégralité des droits d’auteur sont versés à la Fondation de la Grande Loge de France ‘Fraternité et Humanisme’
L’Auteur : Jean-François Guerry né en 1947 à Vanves. Il vit entre Rennes et Quiberon. Après des études supérieures en agriculture. Jean-François Guerry fait carrière dans l’industrie pharmaceutique pendant quinze ans. Il crée une société de « Transactions pharmaceutiques ». Passionné de philosophie et en particulier de la philosophie de l’antiquité, il entre en Franc-maçonnerie en septembre 1987 à la Grande Loge Nationale Française au Rite Écossais Ancien et Accepté. Il occupera des charges régionales dans cette obédience, qu’il quitte en 2013 pour intégrer la Grande loge de France et la juridiction du Suprême Conseil de France du Rite Ancien et Accepté. Il est le créateur et l’animateur du Blog Maçonnique : lafrancmaconnerieaucoeur.com. Il est aussi l’organisateur des Rencontres Maçonniques de Kerdréan à Auray dans le Morbihan.
Samedi 5 octobre 2024 Château Saint-Antoine
Marseille
10 heures - 17 heures
XIIes Rencontres
Académie Maçonnique Provence
De l'Orient à
l'Occident...
Ma Très Chère Sœur,
Mon Très Cher Frère,
Nous espérons avoir le plaisir de t'accueillir à l'occasion des XIIes Rencontres de l'Académie Maçonnique Provence qui se dérouleront le samedi 5 octobre 2024 au Château Saint-Antoine à Marseille, pour la suite des conférences sur la thématique
De l'Orient à l'Occident..
Nous accueillerons, suivant la nouvelle formule, trois conférenciers afin de leur donner plus de temps d'expression et d'échanges avec les participants.
Je vous rappelle que la nouvelle formule avec trois conférenciers nous permet d'avoir également un temps d'échanges lors des dédicaces des auteurs qui ont lieu dans la salle humide avec boissons et "petit goûter de départ ".
Le programme de la journée est donc le suivant :
- 9h00: Accueil des participants ;
- 10h00 : Mot d'accueil et de présentation de la journée ;
- 10h15 : 1ʳᵉ conférence et échanges avec les participants ;
- 11h30 : 2ᵉ conférence et échanges avec les participants ;
- 13h00 : Agapes fraternelles
- 14h30 : 3e conférence et échanges avec les participants ;
- 15h45 : Conclusions et Chaîne d'Union ;
- 16h00 : Rencontre et dédicaces avec les auteurs et pot de départ.
À l'occasion de ces XIIes Rencontres, nous aurons l'honneur d'accueillir
Christian ROBLIN Président du Collège Maçonnique GLDF
Au croisement des chemins de l'Orient à l'Occident :
voie maçonnique, voie initiatique,
autres voies traditionnelles.
Florence QUENTIN Égyptologue
L'Égypte, mère du monde :
notre héritage égyptien
Abdennour BIDAR Philosophe, Essayiste
Les cinq piliers de l'islam
et leur sens initiatique
La participation aux frais pour la journée et de 25€ pour les non-abonnés et les frais de restauration comprenant le café d'accueil, le repas (entrée, plat, fromage, dessert, boissons, café) ainsi que le pot de départ sont de 25€.
À l’issue des conférences, nous vous enverrons les textes des conférenciers de même que l'enregistrement intégral des conférences et des échanges qui suivront.
Toujours disponibles : Christophe Richard : Initiations, tantriques, initiations bouddhiques David Taillades : Aperçus sur les origines médiévales de la Franc-maçonnerie Alain-Noël Dubart: La Franc-maçonnerie entre passé et avenir
Marc Halévy, Après la Modernité, quelle Franc-maçonnerie ? Marc Halévy, Kabbale et Franc Maçonnerie. Louis Trébuchet, Le désir des collines éternelles
Louis Trébuchet, Appel aux racines spirituelles du REAA
Michel Fromaget, Corps, Âme, Esprit: Liberté, Vérité, Beauté
Solange Sudarskis, Il était une fois un mythe, Hiram Jean-François Guerry, Exercices spirituels antiques et Franc-maçonnerie Claire Reggio: Temple et lumière, une question d'orientation ?
a tradition maçonnique ne doit pas être confondue avec un traditionalisme dogmatique. « Il serait pervers de confondre tradition et traditionalisme ce dernier rejette dans un passé révolu ses adeptes ; la tradition au contraire lie les hommes entre eux dans leur modernité pour construire le futur. » [1]Elle se transmet dans le creuset de la Loge Maçonnique où elle prend un essor sans cesse alimenté par les Sœurs et les Frères dans le temps, dans cette chaîne initiatique chaque maillon s’enrichit spirituellement et enrichit tous les adeptes. Cet aller et retour est une fécondation permanente des esprits, un dévoilement du meilleur de ce qui est en l’homme. Un message permanent d’espérance, cette transmission est avant tout orale. C’est pourquoi, ceux qui ont la charge le devoir de transmission chacun à leur place leur office, doivent faire preuve de vigilance et même d’intransigeance pour que l’harmonie règne. Ils sont guidés par les symboles mis sous leurs yeux en particulier le delta lumineux qui éclaire les travaux de loge. Le respect des règles de demande de la prise de parole en loge, est essentielle. Nous devons comprendre le mot ‘essentielle’ dans sa profondeur, comme l’essence des choses. L’oralité est primordiale, là encore le mot à son importance c’est en effet oralement que se transmettaient les mots, les gestes, les paroles, les rites et les rituels dans les temps les plus anciens. Donc dans un ordre précis avec une gestuelle pleine de significations qui favorise l’expression mesurée de la parole.
On comprend ces obligations par l’observation d’un premier triangle.
Ce triangle démontre s’il en est besoin que c’est en s’inspirant des traditions, et mieux de cette Tradition Primordiale qui couronne avec ses vertus et ses valeurs l’ensemble des traditions et caractérise son universalité. Les réflexions sur les vertus des traditions au moyen des travaux de loges sont de véritables exercices spirituels de formation et d’application en action en Loge et se prolongent à l’extérieur de la loge. Ces réflexions au présent sont des guides pour l’avenir, une espérance de ne pas s’égarer dans le labyrinthe de l’erreur. Toute réflexion qui associe la justice et l’amour est porteuse d’espérance pour un monde meilleur.
Ces trois triangles sont aussi pleins d’enseignements, le premier évoque la dualité du nombre deux, cette dualité qui est consubstantielle à la vie de tous les hommes. Le profane postulant à l’initiation y est confronté dès ses premiers pas sur le pavé mosaïque, cette dualité s’exprimera jusqu’au sommet de son initiation, jusqu’au dernier barreau de l’échelle mystérieuse de l’initiation. C’est alors plein des enseignements reçus qu’il reviendra vers ses Frères en toute discrétion et humilité ayant scellé dans son esprit mais surtout dans son cœur les mystères de la vie bonne.
Le deuxième triangle mystérieux fait voir, que la vraie vie commence après la mort symbolique et initiatique. Celui qui apprend à mourir en réalité apprend à vivre. C’est la réponse au point d’interrogation. Alors celui qui a fait ce parcours mystérieux mort naissance, mort re génération, n’est plus dans le monde des apparences des avoirs mais dans le monde de l’être. Il a répondu à l’injonction du : meurs et deviens ce que tu es. Il est devenu capable de surmonter le passage de la mort.
Le troisième triangle démontre que la dualité homme femme, père mère se réalise en unité dans la fécondation de l’unique, de l’enfant c’est la réalisation du plus beau des mystères de la vie. La beauté point culminant de la Force et de la Sagesse.
Ces deux triangles démontrent comment la parole circule dans la loge en fonction de la position des colonnes d’entrée du Temple. Dans le premier triangle, celui qui est à la colonne J (Le requérant) et souhaite obtenir le droit à la parole sollicite le 1er Surv, qui informe le VM de la demande. Le VM s’il le désire et le juge opportun répond positivement au 1er Surv qui à son tour informe le requérant, qui prend alors la parole en s’adressant au VM. Ainsi la parole circule du point le plus bas vers le point le haut. La circulation de la parole s’effectue suivant le même principe dans le deuxième triangle. C’est dans cette constance c’est-à-dire avec toute la Force morale et sans défaillance que se transmet la parole, donc sans légèreté et sans trahison de son sens.
La transmission est ainsi réalisée dans un rythme harmonieux et avec fidélité, ce processus initiatique évite ou tout du moins modère ceux qui veulent parler pour ne rien dire. La grandeur réside parfois dans l’humilité de l’écoute et l’abstinence de paroles. Ce n’est pas par hasard que l’un des premiers enseignements des plus grandes traditions est que le silence est d’Or. Ainsi la transmission orale est bien plus fidèle et pure quand les transmetteurs ont appris la valeur du silence.
Jean-François Guerry.
Source : Céline Bryon-Portet . La triangulation symbolique : principe de transmission maçonnique -
Revue Maçonnique : Humanisme.
La parole est d’argent, le silence est d’or.
Le Talmud.
Les âmes se pèsent dans le silence, comme l’or et l’argent se pèsent dans l’eau pure, et les paroles que nous prononçons n’ont de sens que grâce au silence où elles baignent.
Maurice Maeterlinck.
Le silence est très important. Le silence entre les notes est aussi important que les notes elles-mêmes.
Wolfgang Amadeus Mozart.
[1] Michel Barat – Ancien Grand Maître de la Grande Loge de France.
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Vu sur le Blog Littéraire de l'imaginaire maçonnique.
Vous le savez peut-être mais Masonica Bruxelles revient ! Masonica Bruxelles revient … enfin ! Après 5 ans d’absence, le salon bruxellois a été remis sur pied après de nombreux efforts. En 2019, notre quatrième édition a été un succès moyen, peut-être un peu trop de maçonnologie et moins emprunt à être ouvert au grand public. Il existe différents facteurs qui peuvent expliquer ce demi-succès. En 2020, c’est Lille qui devait reprendre le flambeau mais faut-il vous rappeler qu’un certain petit virus a joué les trouble-fêtes. Donc nous avons cédé notre place aux amis lillois.
L’alternance entre Bruxelles et Lille a été perturbée et au lieu de faire les années impairs, nous avions annoncé un retour en 2022. D’autres déboires ont plombé notre organisation, notre libraire n’a pas continué son activité. Un autre était pressenti mais là, idem même chose, nous n’avons réussi à transformer l’essai. Fin de l’été 2023, nous avons remis sur pied, l’organisation et relancé la machine. Aujourd’hui, ce sont les éditions F. Deville qui vont joué le rôle de libraire et pour notre retour, près de 40 auteurs viennent présenter leurs ouvrages et participer à des conférences. C’est la grande fête du livre maçonnique.
Il y en aura pour tout le monde. Profanes et initiés trouveront des idées lectures surtout qu’il y aura de nombreuses nouveautés. On pourra compter sur le nouveau Giacometti Ravenne, « Le livre des merveilles » ou sur « Stalag 33 », tome 11 de « L’Épopée de la franc-maçonnerie ». Pour notre retour aux affaires, nous avons décidé de revenir à l’essence même de Masonica Bruxelles, c’est-à-dire proposer large choix de livres et des conférences ouvertes à tous sans que ce soit un étalage de connaissances maçonniques. Un salon du livre doit rester une expérience unique pour un large public. Nous ne sommes pas en loge, n’en déplaise à certains. Au menu des conférences, nous aurons : …
9h30 – Mot d’introduction des Présidents de Masonica Bruxelles et de Masonica Lille, Jean Rebuffat et Alain-Noël Dubart
9h45-10h15 – Le Musée belge de la franc-maçonnerie
10h30-11h15 – Franc-maçonnerie entre la discrétion, les médias et les réseaux sociaux
11h30-12h15 – Phénomènes & mouvement sociaux du 21ème siècle, où restent les francs-maçons ?
12h30 – Interview du Grand Maître du Grand Orient de Belgique, Patrick Cauwert par le Président de Masonica Bruxelles, Jean Rebuffat
13h30-14h15 – Franc-maçonnerie & mythologies contemporaines (Harry Potter, Star Wars, Super-héros, Le Seigneur des anneaux, etc.)
14h30-15h15 – Le roman ésotérique est-il forcément un roman maçonnique ? (genre ? lecteur ? pourquoi ?)
15h30-16h15 – La vérité maçonnique face à l’intelligence artificielle et la paresse intellectuelle
16h30-17h15 – Speed-dating maçonnique : Vos questions, leurs réponses !
Personnellement, je vais animer les conférences de 13h30 et de 14h30.
Masonica Bruxelles se déroule le dimanche 20 octobre 2024 dans les locaux du 79 rue de Laeken à 1000 Bruxelles. Les locaux se trouvent à proximité de la place de Brouckère, de sa station de métro et de ses nombreux bus ainsi que du parking Alhambra, aisément accessible à partir de la Petite Ceinture. La gare de Bruxelles-Centrale se trouve à une petite centaine de mètre. C’est l’occasion unique pour passer un dimanche en famille ou avec des amis. Donc vous n’avez aucune excuse pour venir.
Vous retrouverez toutes les infos sur salonmasonica.wordpress.com et surtout sur les réseaux sociaux : Facebook, X (ex-Twitter), Instagram et Threads. N’hésitez pas à nous suivre et à partager les hashtags #masonicabxl et #masonicabxl2024.
Rendez-vous le 20 octobre 2024 !
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ans le bestiaire maçonnique l’aigle a une place élevée. C’est logique, il est considéré comme le roi des oiseaux en correspondance donc avec l’Art Royal.
C’est le seul animal capable de regarder le feu céleste, la lumière du soleil. Dans la mythologie grecque, il est le messager d’Ouranos et l’attribut de Zeus, il est dit qu’il dort sur le sceptre de Zeus. Il remplit le rôle de gardien de la porte des dieux, il est au zénith le cinquième point cardinal le plus élevé en opposition au Nadir, je dirais au sommet du fil à plomb. À l’axe du monde à l’Omphalos des grecs au temple de Delphes.
Il accomplit son rôle de psychopompe en transportant les âmes des morts ver le ciel, en quelques lieux où se trouvent des cadavres nous voyons des aigles. Ce n’est pas par hasard qu’il est l’emblème de Saint-Jean l’évangéliste, celui qui annonce la venue de la Lumière de la Jérusalem céleste. Sous la couronne, il est bicéphale emblème du Saint-Empire royal et spirituel.Au plus haut sommet, à la porte des dieux l’Aigle possède la plus haute vision, il a donc la plus haute Connaissance celle de l’Amour. C’est pourquoi sans doute la huppe du Roi Salomon avec plus de trente oiseaux cherchent la Simorgh l’oiseau mystérieux. « Ils virent que Simorgh n’était autre qu’eux-mêmes »[1]
Jean-François Guerry.
[1] Farîd od-dîn ‘Attâr – Le Cantique des Oiseaux distique 4260 Page 331- Éditeur Diane de Selliers Collection Textes – Traduction du persan par Leili Anvar. Octobre 2012.
Pour les amoureux des mystères....et du fantastique voyage en terre bretonne avec Dominique Besançon. Dès lecture complète de l'ouvrage je vous ferais une recension.
Dominique BESANÇON, La Bretagne fantastique,
Nouvelles, Editions Terre de Brume, septembre 2024, 194 p. 19 e
Née à Versailles de mère finistérienne, Dominique Besançon se passionne dès l'enfance pour les traditions populaires bretonnes et ne tarde pas à dévorer des récits fantastiques. Adolescente, je racontais et mimais des nouvelles de Claude Seignolle devant un groupe de copines terrorisées, s'amuse-t-elle. Elle est en licence de Lettres Modernes à Paris III quand une enseignante lui propose comme sujet de maîtrise : « Anatole Le Braz et La Légende de la mort ». Ce fut une véritable révélation : je reconnaissais les façons d'être et de penser observés dans ma propre famille, mais à un siècle d'intervalle ! Après avoir soutenu un mémoire de maîtrise, un DEA et une thèse (1985), elle dirige la publication de ses œuvres aux Editions Terre de Brume où elle crée de nouvelles collections.
Réunissant ses deux domaines de prédilection, La Bretagne fantastique présente dix auteurs et quinze textes déployés sur un siècle. A ma connaissance, aucune anthologie de ce type n'a encore été réalisée. J' ai voulu souligner en quoi ce fantastique est spécifiquement breton tout en offrant au lecteur un vaste panorama de lieux, de tons et de styles. La préface, les biographies et la présentation des nouvelles le guideront dans un univers qu'il ne connaît peut-être pas et, sans doute, sera-t-il étonné de découvrir à quel point l'oeuvre de Le Braz eut une influence profonde et durable.
A ce jour, Dominique Besançon a contribué à une bonne soixantaine d'ouvrages, donné de multiples conférences et publié de nombreux articles. Elle demeure dans le Trégor costarmoricain où la conduisirent les pas de son auteur préféré.
Quelques-unes de ses contributions
. Bretagne: Anatole Le Braz et La Légende de la mort. Traditions populaires et création littéraire (essai, Ed. Terre de Brume, 1996), Gens de Bretagne T. 2 (Omnibus, 1998, anthologie). Balades en Bretagne nord(Alexandrine, 2011, collectif). Sorcelleries et Diableries de Bretagne (Ed. Terre de Brume, 2004). La Bretagne et les procès de sorcellerie. Les raisons d’une exception(L’Encyclopédie de Bretagne, 2018, article).
. Fantastique : Claude Seignolle et sa vision de la mort(article, revue Otrante N° 10, 1998.Le surnaturel, hier et aujourd'hui, du récit de croyance au conte fantastique (conférence, Loudéac,1999). Claude Seignolle : une vision de la mort (article, colloque de Cerisy-la-Salle, août 2001). Croyances populaires et Création littéraire : Claude Seignolle, un nouveau passeur de mémoire(conférence, Chatenay-Malabry, 2002).
4e de COUVERTURE
Déployées sur un siècle, ces quinze histoires d'amour, de haine et de mort offrent une large mosaïque de tons, de styles et de lieux. De Villiers de l'Isle-Adam à Seignolle et de Ouessant aux Monts d'Arrée, le fantastique breton se nourrit au riche réservoir des croyances mortuaires traditionnelles pour nous mener aux confins de l'inconcevable. … je n'y crois pas, j'ai battu tous les sentiers du monde et, pourtant... déclare le narrateur dans la nouvelle d'ouverture. Croire ou ne pas croire, avoir peur ou jouer à avoir peur ? Le doute s'installe et le jeu tacite auteurs-lecteur peut commencer. Les dix auteurs invités ici ne s'en privent pas. Non sans une pointe de dérision, parfois, ces maîtres de la mystification ténébreuse bousculent l'entendement, rappellent les vieux démons et flattent les fantasmes inavoués. Et le lecteur ? C'est si tentant, la mystification, quand elle est consentie !
Dominique Besançon est spécialiste des traditions populaires en Bretagne et plus précisément de l'oeuvre d'Anatole Le Braz dont elle a dirigé la publication aux Editions Terre de Brume.
TABLE DES MATIÈRES
PRÉFACE
LE FANTASTIQUE BRETON, par Dominique BESANÇON..............
La Fraternité ou la Mort - Sculpture de Bizot Musée du nouveau Monde - Ville de La Rochelle
FRATERNITÉ ? FRATERNITÉ ?? FRATERNITÉ ???
Nous ne sommes pas tous frères de sang, nous ne sommes pas de la même famille. Ceux qui sont sœurs ou frères sont ceux qui sont nés du même père et de la même mère, nous pouvons aussi avoir des demies sœurs et des demi frères quand nous avons un géniteur en commun. Pourtant le mot Frère ou Sœur est aussi un mot d’alliance, de reliance. Un mot qui qualifie la force d’une relation humaine, d’une foi commune qui nous relie dans le sens premier de religion religere qui n'est pas religion particulière.
L’amour, l’amitié, l’affrèrement grec l’adelphos et son adelphité est un mot polysémique qui qualifie à la fois un lien de parenté qui unit les enfants, mais aussi un lien d’amitié de solidarité. On remarque que ce mot est un mot épicène c’est-à-dire pouvant être employé au masculin et au féminin. Cet adelphos grec est donc un ancêtre de la Fraternité et de la Sororité. La Fraternité chrétienne trouve ses racines dans le Miracle Grec, l’adelphos ouvre la porte au frater et à la fraternitas.
« Sa mère et ses frères arrivent et, se tenant dehors, ils le firent appeler. Il y avait une foule assise autour de lui et on lui dit : « Voilà que ta mère et tes frères et tes sœurs sont là dehors qui te cherchent. » Il leur répond : « Qui est ma mère ? Et mes frères ? Et promenant son regard sur ceux qui étaient assis en rond autour de lui, il dit : « Voici ma mère et mes frères. Quiconque fait la volonté de Dieu, celui-là m’est un frère et une sœur et une mère. » [1] Il est question ici de la vraie parenté de Jésus, fils du père et frère des hommes. Par ces paroles le prophète Jésus signe l’acte de naissance du mot Fraternité, qui évoluera dans le temps. Si la Fraternité est un lien entre les hommes, qui sont dès lors considérés comme égaux, un homme vaut un autre homme la Fraternité devient universelle, elle permet aux hommes de se parler entre eux, de se respecter. Ainsi une de mes citations préférées est : « Celui qui ne parle pas à un homme, ne parle pas à l’homme et celui qui ne parle à l’homme ne parle à personne. » [2]
La Fraternité qui unit tous les hommes est souvent qualifiée d’horizontale, de terrestre. La Franc-maçonnerie Ordre initiatique a pour fondement la Fraternité, elle place donc la Fraternité à un haut niveau, qui dépasse une forme de sociabilité ou de solidarité sans exclure ses deux caractéristiques. Cependant, selon moi la Franc-maçonnerie par sa méthode et ses travaux donne à la Fraternité un caractère spirituel. La Fraternité maçonnique est au-delà d’une Fraternité de chair, elle va jusqu’à l’os jusqu’à la moelle, elle soutient la colonne vertébrale de l’homme, elle l’empêche de tomber. Elle est donc un besoin vital, dans ce monde trop enclin au séparatisme, elle est un avenir pour l’homme. Sans aucun doute seul un sursaut, un surplus de Fraternité permettra de construire un monde un peu meilleur avec des hommes de bonne volonté.
Les Francs-maçons l’ont appris, en prenant la défense des plus faibles sans distinction de classe sociale, de couleur de peau, de croyance religieuse, en respectant la dignité de l’homme. Avec une naturelle bienveillance qui n’est pas une naïveté coupable. Pour construire ce nouveau monde ‘où tous les hommes seront un jour des frères et où il n’y aura plus de misère’, il faut associer la balance et l’épée de la justice, la truelle et l’épée. Il ne faut pas prendre les mots pour des idées et toujours chercher les idées sous les symboles, c’est un exercice spirituel de formation d’application, c’est penser et agir le plus souvent en silence sans ostentation mais avec détermination. La Fraternité ou la mort,[3] la Fraternité c’est la vie.
Jean-François Guerry.
[1] Marc III- 31 à 35. Bible de Jérusalem. Voir également Luc VIII 19 à 21 et Matthieu XII 46 à 50 (La Vraie parenté de Jésus.)
[2] Antonio Machado (Séville 1875- Collioure 1939- Poète espagnol sa poésie exprime les sentiments collectifs d’une nation en crise il devrait être une source d’inspiration pour nous. Il s’est caractérisé par son aspiration à la justice, son esprit de missionnaire universel et sa défense de la dignité humaine, ses pensées nourrissent la Fraternité.
[3] Jean-Nicolas Pache maire de Paris en 1793 voulait que cette devise soit inscrite sur les frontons de toutes les mairies. Il avait le sens du devoir et s’opposa presque au péril de sa vie à la radicalité de Robespierre.
Ce livre fait référence à la genèse de la Fraternité, à son histoire, à ses épreuves, ses échecs, ses réussites et ses joies. Il plaide pour la renaissance et l'essor de la Fraternité qui est possible si tous les hommes ont le désir d'être des frères et qu'ils s'engagent par leur pensée et leur action.
On parlait peu de la Fraternité, l'actualité a fait revenir sur le devant de la scène politique et médiatique cette belle oubliée de notre devise républicaine. Paul Eluard a chanté la Liberté, accessible grâce l'égalité. Il est temps de mettre au premier rang de notre devise cette Fraternité qui seule peut faire tenir debout les hommes ensemble au-delà de leurs différences, de la densité de leurs différences en faire des humains.
Cette Fraternité qui n'est pas corporatiste, mais universelle. Cette Fraternité qui est une épreuve, qui éprouve les hommes dans leur désir de faire le bien, le bon et le vrai pour atteindre le beau de l'harmonie. La Franc-maçonnerie née il y a plus de trois siècles à pour fondement la Fraternité. Elle ambitionne d'améliorer le monde en améliorant ses membres. Elle veut faire entrer l'esprit dans la matière, la lumière de l'esprit qui illumine l'individu et le rend plus fraternel. La spiritualité maçonnique est sans adjectif, elle est fraternelle, au-delà des dogmes, elle reconnait tous les hommes libres.
Disponible dans toutes les Librairies - Les droits de l'auteur sont versés à la Fondation de la GLDF. Fraternité et Humanisme.
Éditions le Compas dans L'Oeil
La notion de fraternité est familière aux Français puisqu’elle figure dans la devise républicaine, au fronton de tous les édifices publics. Malgré tout, on ne sait pas grand-chose sur ses sources, ses développements, l’évolution de ses usages, à la différence de la liberté et de l’égalité, ses compagnes. C’est cette lacune que l’ouvrage se propose de combler en retraçant l’histoire de la métaphore fraternelle dans la culture française depuis la Révolution. Un parcours à la fois historique et littéraire, des socialistes utopiques à Romain Gary, en passant par Baudelaire (auquel il emprunte son titre), Hugo, Péguy et quelques autres. Il sera possible, grâce à cette somme, de plaider sur des bases solides, faisant une place aux ambiguïtés et aux contradictions, une cause qui est au cœur des sensibilités actuelles.
"Quand les hommes vivront d'amour" est une chanson québécoise composée par Raymond Lévesque en 1956 alors qu'il vivait à Paris. Elle a d'abord été enregistrée par Eddie Constantine avant qu...
Bien souvent par affection, quelquefois par peur nous voulons protéger nos enfants. C’est empêcher leur éveil à la Connaissance, leur fermer la « Porte des hommes » c’est-à-dire leur entrée dans l’humanité. Notre peur, musèle leur être intérieur, les cantonnent dans la banalité de nos préjugés et de nos croyances, en fait nous refusons toutes leurs différences. Nous voulons les soumettre à une ou des écoles de pensée. Alors, que nous devrions leur apprendre à penser par eux-mêmes. L’éveil et l’essor de l’adolescent, de l’apprenti, du compagnon passe par le développement de ses propres facultés, de la prise de conscience de ses capacités propres. Il doit apprendre à naître vraiment, à vivre et à mourir. C’est découvrir le sens de la vie, ouvrir ses yeux et savoir diriger son regard vers la voie la plus juste. « Voilà que l’homme est devenu comme l’un de nous pour connaître le bien et le mal ![1]Les fruits de l’arbre sont le résultat de l’union des hommes et des femmes, c’est là beauté de la vie, le miracle de la vie, la découverte par l’adolescent, de la gestation intérieure de son corps et de son esprit. « Lorsque les hommes commencèrent à être nombreux sur la face de la terre et que des filles leur furent nées. Les fils de Dieu trouvèrent que les filles des hommes leur convenaient et ils prirent pour femmes toutes celles qui leur plut (…) » [2] Ainsi, l’adolescent progresse vers la porte de Connaissance (qui est amour), cette porte étroite est celle de la vraie vie. Il s’agit là, du développement de son énergie et non pas d’une puissance ou d’une domination quelconque, mais plutôt des premiers pas faits sur l’échelle mystérieuse de Jacob, d’une montée corporelle et spirituelle, résultat de son murissement.
L’adolescent mute, se transforme en homme véritable il dépasse les énergies que sont jouissance, possession et puissance sur les autres. Conscient que la vraie compétition est avec lui-même, c’est passer de la fougue de l’avoir à la Sagesse de l’être, c’est sa sortie de la nuit, de la gestation intérieure, le moment où il apparait plus radieux.